Le Canada vient de se faire remettre la monnaie de sa pièce par les Philippines.
Le porte-conteneur Anna Maersk est arrivé ce matin au port de Vancouver avec à son bord 69 conteneurs remplis de cochonneries canadiennes. Ces cochonneries, nos cochonneries, avaient été envoyées en 2013 et 2014 aux Philippines en faisant croire que c’était du plastique à recycler.
Ce n’était pas le cas.
Dans les 69 conteneurs, on retrouve des ordures ménagères, des couches souillées, des déchets alimentaires et des articles électroniques.
Allô le plastique à recycler !!!
Pourquoi parler de ça ?
Je trouve que cet « incident » est une belle illustration de notre société moderne.
Il y a des liens à faire avec plein d’autres sujets, même la santé mentale. Si, si.
Ces 69 conteneurs peuvent représenter de nombreux problèmes qu’on préfère shipper chez le voisin.
Ou encore des problèmes qu’on préfère ignorer, comme s’ils n’existaient pas.
Jouer à l’autruche quoi
On n’aime pas ça en général se faire mettre le nez dans le caca, surtout quand c’est le nôtre.
Si on peut shipper le caca aux Philippines, comme c’est pratique.
Vous voulez des exemples ?
J’ai parlé dans un autre billet de cette psychiatre, Marie-Ève Cotton, qui dénonce notre « happycratie »
> Bienvenue en « happycratie »
Selon Marie-Ève Cotton, la fétichisation du bonheur de notre « happycratie » peut diminuer l’empathie et ouvrir la porte à la médicalisation du mal-être.
Bref, quand notre société a le choix entre faire l’effort de l’empathie et de l’humanité ou prescrire des pilules, c’est trop souvent le deuxième qui l’emporte.
Je sais, c’est un peu simpliste comme exemple, mais laissez-moi vous expliquer mon raisonnement.
Ça peut aussi paraître contradictoire, parce que moi-même je prends ces fameuses pilules. Les antidépresseurs sont nécessaires pour passer au-travers.
Mais même mon psychiatre m’a dit que les antidépresseurs ne seraient pas suffisants. Selon lui, ça ne représente que 30% du traitement. Le reste, c’est bibi qui fait le travail. Mais ce « 30% » est justement nécessaire pour m’aider à faire le 70% restant.
Mon propos n’est donc pas de dire du mal des antidépresseurs.
Mais il paraît qu’on en prescrit trop.
C’est là où je veux en venir.
Dans une société où l’empathie et l’humanité sont parfois en rupture de stock, c’est tellement plus facile de cocher l’option pilules.
Ce que de plus en plus de gens font : pour une dépression, pour un trouble d’anxiété généralisé, pour un burn-out, alouette.
Sauf que la fameuse pilule ne règle que 30% du problème. Et le problème, c’est que deux des ingrédients essentiels pour les 70% restants, ce sont justement l’empathie et l’humanité.
Que se passe-t-il alors ? Les gens prennent des pilules et on se demande pourquoi ils sont encore souffrants.
C’est parce que, parfois, on a shippé chez le voisin notre empathie et notre humanité.
Comme des déchets dans un conteneur.
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Chaque jour, j’ai le « couteau entre les dents » pour passer au-travers ce tsunami. Pour une rare fois, j’ai écrit ce billet avec le sourire aux lèvres, fier de moi. Fier de ma tête de cochon qui fait en sorte que je sors faire du jogging, même quand je préférerais rester en petite boule dans mon lit. Fier de me rendre chaque matin au 3e lieu où j’ai droit au sourire de Marie-France et où je trouve l’inspiration pour écrire. Fier de me rendre chaque semaine à D’un couvert à l’autre où je donne un atelier d’écriture et où je reçois tellement plus que je donne. Fier de m’être accroché chaque matin où la douleur était omniprésente et où je n’imaginais pas de rédemption possible. Il va y avoir encore des journées difficiles, mais je suis certain d’une chose maintenant : I am a fucking warrior !
[…] > Pôpa et ses poubelles […]
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