Hier soir, j’ai assisté à la victoire des Canadiens contre les « infâmes » Maple Leafs de Toronto. J’étais avec ma fille. Ça s’est décidé en prolongation. Que demander de mieux !
Scandelle excité comme un gamin de marquer son premier but dans l’uniforme des Canadiens. Kovalchuk, 37 ans, déjà excité comme un gamin en permanence, qui marque en prolongation sur une passe de Suzuki.
Puis, l’entrevue d’après-match, menée par Renaud Lavoie (TVA sports) avec Marco Scandella, deuxième étoile du match. Ma fille et mon crions en riant : « On veut Marc Denis ! »
On aime beaucoup « détester » Renaud Lavoie, voyez-vous. Car il sait tout, ce Renaud. C’est du moins l’impression qu’il donne. À l’écouter, on a l’impression qu’il parle tous les jours à Gary Betteman (le commissaire de la LNH), à Marc Bergevin (DG des Canadiens) et aux DG des 30 autres équipes. On croirait presque que c’est lui qui dicte les plans de match des 31 équipes, que c’est lui qui décide des échanges.
Noémie et moi disons souvent à la blague que Renaud Lavoie est l’homme le plus influent du sport professionnel en Amérique du Nord. Pendant le dernier Super Bowl, c’était lui qui décidait des stratégies des deux équipes. C’était lui qui dictait les jeux au quart Patrick Mahomes des Chiefs de Kansas City.
Bref, Renaud Lavoie, c’est notre plaisir coupable. Et on criait à tue-tête dans le Centre Bell : « On veut Marc Denis ! », qui est l’analyste qui fait le même travail au réseau concurrent RDS.
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C’est un ami qui donnait des billets pour assister au match au Centre Bell. J’ai « sauté dessus ». Et j’ai appelé Noémie pour lui dire que j’avais des billets pour la game en soirée.
Elle était excitée comme Kovalchuk et Scandella en apprenant la nouvelle.
Ma fille, qui est gardienne de but, joue plus de matchs que les joueurs de la LNH dans une année. Elle joue en moyenne trois fois par semaine, parfois quatre. Elle a ses tournois où elle joue jusqu’à six matchs dans un week-end. Elle joue dans une ligue d’été au moins une fois par semaine.
Ça doit bien faire 150 matchs par année. Ça fait des matchs en ta, dirait le Moose Dupont.
J’ai vu Kovalchuk marquer en prolongation. J’ai vu des étoiles dans les yeux de ma fille Noémie. J’ai vu une famille s’amuser à encourager en même temps le CH et les Leafs. J’ai vu le monsieur du Mcdo. J’ai vu la bêtise humaine. J’ai vu que même malade, j’étais encore vivant. J’ai vu Renaud Lavoie. J’ai vu le tunnel (Ville-Marie), qui a provoqué une crise de panique, parce que la dernière fois que je l’ai emprunté, j’étais dans un taxi et j’avais la peur de ma vie. J’ai vu qu’il y avait une sortie au bout du tunnel. J’ai vu de la neige, plein de neige, pis ça m’a rappelé que j’avais encore un coeur d’enfant. Bref, merci pour cette belle soirée Ève Tessier-Bouchard et Marius Marin !
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Noémie jouait justement deux matchs en après-midi, Elle devait en jouer un troisième, mais elle a préféré aller au Centre Bell 😉
On s’est donc retrouvés au centre-ville. Moi, j’étais un peu anxieux. Prendre le métro, la foule. Ben oui, niaiseux de même. Ça serait trop long à raconter, mais disons qu’à cause de mon psychiatre, je suis devenu hyper-réactif, alors que je faisais déjà de l’hypervigilance. Bref, mon téléphone qui sonne, mon chien qui jappe, un objet qui tombe et c’est la crise de panique.
Mais l’amour parfois, ça fait faire bien des affaires. Après avoir vu sa mère vouloir mettre fin à ses jours, son père a craqué un an plus tard. Depuis, je me bats comme un diable dans l’eau bénite et ma fille, elle, me soutient de manière indéfectible, avec la sagesse de The Ancient One, dans Docteur Strange.
Noémie joue plus souvent au hockey que Connor McDavid et moi, je suis le premier compteur dans la Ligue professionnelle des crises de panique (LPCP). Plus de 1000 points en une saison et demie. Chaque point égale une attaque de panique. J’ai toujours été très déterminé, je sais !
Quand j’ai vu sur Facebook que la blonde d’un ami donnait deux billets pour la partie d’hier soir, je n’ai pas hésité. J’ai pensé à Noémie.
Ma fille était au restaurant avec sa mère quand je l’ai appelée. Nathalie m’a écrit un peu plus tard pour me dire combien Noémie était excitée en apprenant la nouvelle.
Quand tout ce que tu offres à ta fille depuis trop longtemps, ce sont des crises de panique et des larmes, pouvoir mettre un sourire sur son visage et des étoiles dans ses yeux, ça vaut de l’or. Parce ton enfant reste toujours ton enfant, même à 26 ans.
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J’ai gardé le meilleur pour la fin.
Avant le match, Noémie et moi nous nous sommes retrouvés au McDo, situé à l’angle de la Montagne et de l’avenue des Canadiens.
Noémie arrivait de ses deux matchs de hockey et moi, je venais de « survivre » au métro et à la foule. En sortant du métro, station Lucien-L’allier, y avait du monde en ta. La panique me gagnait lentement, puis j’ai vu un monsieur qui vendait des t-shits des Maple Leafs : « Loosers since 1967 ». J’ai souri. C’était alors Leafs 1; panique 0 !
Après avoir commandé au McDo, Noémie m’indique qu’elle doit aller à la toilette et qu’elle va m’attendre au troisième étage pour manger.
J’attends notre commande quand j’aperçois un monsieur avec son coupon de caisse dans les mains. Il a l’air un peu perdu. Les cheveux en broussaille, une barbe de plusieurs semaines. Ses vêtements sont sales.
Puis, la gérante du Mcdo qui s’approche de lui accompagnée de deux employés assez baraqués. Elle lui dit qu’il « dérange » les clients. Il marmonne qu’il attend son café.
Son café est prêt. Il le prend et les trois employés du McDo « l’accompagnent » pour qu’il sorte du restaurant.
Il fait -20 dehors et l’humidité nous transperce.
Nous sommes au Mcdo, pas Chez Toqué. Nous sommes dans le temple du fast-food et du consumérisme. Il y a plein de clients qui sont là pour casser la croûte avant d’aller au match. Le Mcdo est situé juste en face du Centre Bell. Il y des gens avec un chandail des Canadiens ou un chandail des Leafs. Des chandails qui se vendent plus de 100$ chacun. Il y a des clients en complet-cravate.
Je m’approche de la gérante et je lui demande si elle sait quelle température il fait dehors. J’ajoute qu’elle pourrait faire preuve d’un peu d’humanité. Je parle fort pour être certain d’être bien entendu par tout le monde.
Elle me répond que si monsieur fait des problèmes, c’est elle qui sera prise pour s’en occuper. Elle ajoute que c’est son travail de s’occuper des clients qui font des problèmes, comme moi d’ailleurs.
Estomaqué, je lui tends ma facture et je lui dit de me rembourser alors. Tout le monde nous regarde. Elle s’en va. Je lui dit très fort qu’elle est en train de faire de l’excellente publicité pour son employeur.
Pendant ce temps, monsieur s’est assis et a bu son café tranquille.
J’arrive au troisième avec nos burgers et je raconte l’incident à Noémie.
« Je suis fier de toi papa ! »
C’est alors papa 1; dépression / choc post-traumatique / crise de panique 0 !
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