J’ai eu des nouvelles de Suzanne T. aujourd’hui.
Suzanne T. travaille pour la Great-West, qui s’appelle maintenant Canada Vie.
Suzanne T. n’est pas le vrai nom de cette personne. Elle s’appelle : prénom et première lettre du nom de famille.
J’ai écrit un billet sur Suzanne T. le 29 octobre 2018. J’ai même composé une chanson inspirée par Suzanne T. que j’ai intitulée Samuel Archibald.
> Pour le billet et la chanson, c’est ici.
Pour me changer les idées, j’ai même fait une vidéo avec cette chanson, quelques jours plus tard.
Le début de la chanson relate en quelque sorte ce qui s’est produit au cours de cette conversation téléphonique.
###
Je reçois donc un appel le 29 octobre 2018, vers 9h30. Madame se présente et me pose une première question, drette là, qui sera suivie de deux autres questions, totalement surréalistes.
« Pour quelle raison êtes-vous en arrêt de travail ? »
Je suis malade, mais une chance, mon cerveau est encore capable de réfléchir. Je lui dit qu’elle connaît forcément la réponse. J’ajoute que si elle m’appelle, c’est parce que j’ai fait parvenir le formulaire rempli par mon médecin de famille, qui prolonge mon arrêt de travail.
« Non, je n’ai rien reçu », dit-elle.
« C’est impossible dis-je. Si vous m’appelez, c’est pour une raison bien précise, à cause de la prolongation de mon arrêt de travail. »
« Je n’ai pas ce document », affirme-t-elle.
« Rappelez-moi alors quand vous l’aurez. »
Silence de quelques secondes…
« Ah ben oui, je viens de le trouver, il était dans votre dossier ! »
« Ah bon… Donc, vous avez la réponse à votre question. C’est écrit sur le formulaire rempli par mon médecin. »
Madame pose alors sa deuxième question.
« Est-ce que vous allez mieux ? »
Ma réponse : « Vous en pensez quoi ? »
J’ajoute ceci : « D’après vous, croyez-vous que je vais mieux si mon médecin a prolongé mon arrêt de travail ? »
Et vient la troisième question. Je précise ici que mon arrêt de travail est prolongé jusqu’au 1er décembre.
« Croyez-vous être en mesure de reprendre le travail après le 1er décembre ? »
« Madame, je ne sais même pas dans quel état je vais être cet après-midi, alors pour le 1er décembre… Mais je peux vous assurer d’un chose, si je peux reprendre le travail, c’est que je vais allez mieux et je serai alors l’homme le plus heureux du monde. »
###
Donc, j’ai eu des nouvelles de Suzanne T. aujourd’hui.
Je suis malheureusement à nouveau en arrêt de travail depuis le début du mois de janvier. N’ayant pas de nouvelles quant à ma demande de prestations, je communique avec Suzanne T.
D’un ton sec, à la limite cassant, genre pourquoi tu me déranges, Suzanne (nom fictif, je le rappelle) m’explique qu’ils ont demandé à mon psychiatre les notes de mon dossier afin de statuer sur ma demande.
Ils ont reçu lesdites notes le 28 janvier dernier. Ils ont 14 jours pour répondre. Ça va donc aller au 11 février prochain.
That’s it. Fin de la conversation.
Je raccroche, un peu éberlué.
L’attaque de panique me gagne lentement…
Je me suis rendu vraiment bon pour les détecter. Tout se passe au ralenti. Je sens mon rythme cardiaque s’accélérer. Je sens les muscles de mon cou se crisper, puis ceux du visage, les bras, les jambes. Je commence à être étourdi. Parfois, j’ai la nausée qui monte. Finalement, la douleur à la poitrine.
J’ai tellement eu de crises de panique depuis 18 mois que les muscles et les tissus dans ma poitrine sont tendus en permanence. Je suis allé voir une osthépathe en début de semaine. Quand elle s’est « attaquée » à ma poitrine, elle a dit : « Oh my God ! »
En même temps que je vois mon attaque de panique prendre place en direct, me revient en tête Suzanne T., mon billet, ma chanson…
C’est ce que j’ai fait le 29 octobre 2018 face à cette situation complètement absurde. Mais là, tout à coup, ça ne passe pas, ça ne passe plus.
Je rappelle Suzanne (on commence à se connaître, quoi !) et je lui laisse un message. J’aimerais qu’elle me rappelle pour m’indiquer la procédure à suivre pour porter plainte. Contre elle.
Elle me rappelle 15 minutes plus tard. Coudonc, que je me dit, ils sont vraiment efficaces à la Great-West. Pas de délai de 14 jours ici…
Elle veut connaître les motifs de mon instatisfaction. Je lui explique. Et je rappelle également cette conversation du 29 octobre 2018.
« Je n’ai aucune trace de cette conversation dans mes dossiers », dit-elle.
« Ça ne m’inquiète pas trop. C’est quelque part dans mon dossier, comme mon formulaire que vous ne trouviez pas l’an dernier… »
###
En 2018, la Great-West, maintenant Canada Vie, a dégagé un bénéfice de 3 milliards de dollars.
Pour les actionnaires, ça veut dire un bénéfice de 3$ par action.
Mais cette compagnie pourrait faire encore plus d’argent. Un concept tout simple, même pas révolutionnaire.
Les problèmes de santé mentale représentent jusqu’à 70 % des coûts en invalidité pour les compagnies d’assurance. C’est beaucoup d’argent, je sais.
Mais quand ils agissent comme Suzanne T., ça leur coûte encore plus cher.
Ça cause un stress inutile sur les bénéficiaires. Et tout ça finit par coûter cher. À trop vouloir pogner les supposés fraudeurs, ça leur coûte encore plus cher en prestations d’invalidité.
J’imagine qu’à 3$ le bénéfice par action, les actionnaires s’en crissent un peu. Mais si on leur disait qu’ils pourraient faire mettons 3,25 $ ou 3,50$ par action ?
La morale de l’histoire ? Je n’ai toujours pas reçu mon premier chèque, mais je vais tout de suite acheter des actions de Canada Vie…
Publié par