Je ne sais pas qui est l’inventeur de l’humour ? Qui a fait la première blague dans l’histoire de l’humanité ? Qui a été le tout premier à rire ? Homo erectus peut-être ?
C’est par Homo erectus qu’est apparu notamment la maîtrise du feu. J’imagine qu’à un moment donné, y a quelqu’un qui s’est approché trop près du feu de camp et s’est brûlé quelques poils, ce qui a provoqué un rire hilare chez les autres campeurs en train de faire cuire quelques morceaux de mammouth entre deux guimauves…
L’autodérision, elle, est plus subtile. Je ne gagerais pas sur Homo erectus. Quoique celui qui se brûlait toujours les poils en s’approchant du feu a peut-être fini par comprendre que chaque fois, il faisait rire ses camarades, tous éligibles à un choc post-traumatique à chasser le vrai mammouth…
Récemment, y a un président d’une contrée lointaine qui a déclaré qu’il fallait « protéger » l’inventeur de la roue. Le problème, c’est qu’on ne sait pas qui est le dude qui a inventé la roue, il y a plus ou moins 3500 ans.
C’est la même chose avec l’humour. C’est qui le dude qui a inventé l’humour ? Je pense qu’il faudrait le protéger lui aussi. C’est un peu grâce à lui si c’est si drôle à l’occasion de suivre les péripéties d’un président d’une contrée lointaine…
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L’humour et l’autodérision, donc. Ça fait partie de mon plan de traitement.
Je voyais défiler aujourd’hui sur les réseaux sociaux tous ces posts avec le hashtag #bellcause.
J’ai une relation ambigüe avec Bell cause pour la cause. D’un côté, je sais que c’est aussi une formidable opération de marketing d’une multinationale qui est d’abord là pour faire du cash.
Une opération marketing qui coûte 10 millions par année. Ce n’est pas cher payé pour obtenir autant de visibilité.
De l’autre côté, je suis persuadé que Bell a aussi permis de faire avancer les choses. Et Bell a remis 100 millions de dollars depuis 10 ans à différentes organisations qui oeuvrent en santé mentale. Comme dirait le Moose Dupont, c’est de l’argent en ta !
C’est là que ça devient un peu tordu. Ces organismes ont besoin de cet argent qui, souvent, fait une grosse différence. Parfois, pour certains organismes, un chèque de 10 000 $ fait toute une différence.
Plusieurs de ces organismes font épargner des millions de dollars à l’État, entre autres en frais d’hospitalisation, entre autres en permettant à plusieurs personnes de réintéger le marché du travail.
Et l’État, lui, investit des peanuts en santé mentale.
J’appelle ça la privatisation de la santé mentale. Ou du moins, un début de privatisation.
Est-ce que c’est correct ? Est-ce qu’il faut dénoncer ? Je n’ai pas la réponse.
Je sais juste que ça existe et qu’il faut en être conscients. Je sais que les problématiques entourant la santé mentale ne vont pas aller en diminuant, au contraire. Je sais que ça va prendre plus d’argent si on veut vraiment s’occuper de santé mentale.
Alors, la journée de Bell cause pour la cause, faut-il ou non utiliser le mot-clic #bellcause dans ses publications sur les réseaux sociaux ?
Je dirais oui.
Demain matin, le mois prochain, y a des organismes qui vont vraiment avoir besoin de cet argent. Et il ne viendra pas de l’État. Et il y a des milliers de personnes qui bénéficient des services de ces organisations.
Je dis donc oui, mais tout en étant conscient qu’il y a une certaine hyprocrisie derrière tout ça. Surtout quand je vois des politiciens utiliser le mot-clic #bellcause. Alors que la santé mentale ne reçoit que 3,5% du budget de la santé.
Je dis oui, mais tant qu’à tweeter, pourquoi ne pas s’inspirer d’Homo erectus, qui a peut-être inventé l’humour ?
Parce que quand ça va mal, ça fait du bien de rire un peu.
La palme revient d’ailleurs à Daniel Thibault sur Twitter avec cette publication absolument délicieuse. C’est un peu méchant, mais comme disait souvent Marius (Marin) quand on montait encore des pages pour un journal papier : C’est pas fin, mais c’est drôle en criss !
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