Plein de nouvelles idées pour devenir un influenceur célèbre.
Les gens n’ont pas envie d’entendre parler des problèmes des autres, ils veulent qu’on leur proposent des solution. Ça tombe bien, ça bourdonne dans ma tête…
À commencer par la bière de la microbrasserie des Naufrageurs. J’ai bu l’excellente Sumac aux petits fruits en commençant ce billet hier.
« De passage en Gaspésie pour vous remonter le moral, pourquoi ne pas commencer avec une Sumac aux petits fruits. #Gaspésie #LesNaufrageurs #TourismeCarleton #ativan #celexa »
Je vais devenir l’influenceur des dépressifs et des anxieux. Un marché complètement négligé avec des millions de consommateurs à la clé.
« Vous souffrez et vous avez besoin de vous reconnecter avec la nature, allez-y pour une baignade dans la Baie-des-Chaleurs. Le résultat sera saisissant ! »
J’ai même déjà la photo pour illustrer ce post sur Instagram.
Personne ne peut deviner que je souffre. Tout est dans les apparences, le look. On voit un homme qui a trouvé la rédemption.
Le libellé de mon post ?
« J’étais souffrant et déprimé, une seule baignade dans la Baie-des-Chaleurs m’a redonné la lumière. #Gaspésie #TourismeCarleton #i.Five2 (la marque de mon maillot) »
La lumière n’a duré qu’un temps, mais le lecteur n’est pas obligé de le savoir 😉
En voyage, surtout quand il est question de faire une longue route, tout le monde apporte un oreiller ou un coussin pour dormir dans la voiture.
« J’ai apporté mon coussin qui me rappelle que le bonheur me va si bien. #bonheur # vacances # Indigo #esso (pour le plein d’essence). »
Les repas, c’est important les repas. Un influenceur digne de ce nom va toujours montrer ce qu’il mange sur Instagram. Remarquez que les non influenceurs abusent aussi de ce procédé.
Évidemment, si je montre un somptueux déjeuner, je vais encore plus déprimer ma clientèle-cible. C’est important de bien connaître ses clients.
« Je me suis réveillé un peu angoissé, mais un bon déjeuner m’aide à me remettre sur pied. #celaxa #ativan #Selection # DixiLee #painmultigrain »
Si je montre à mes clients que je suis trop heureux, ça va les perturber voire les replonger plus profondément dans leur dépression. Il y a un certain équilibre à respecter.
Voilà une excellente photo, bien équilibrée. Je ne pleure pas, mais on voit que je souffre. Je suis concentré et on voit que je suis déterminé à m’en sortir.
« Alignez vos chakras avec la nature qui vous entoure, c’est la clé. #jacobson (la marque de mon chapeau) #prodesign (la marque de mes lunettes) #gillette (la marque de mon rasoir que je vais utiliser plus tard) #Georges (la marque de mon t-shirt).
Il y a aussi les livres de croissance personnelle, un potentiel énorme pour un influenceur.
« Je n’ai lu que les premières pages et j’étais déjà encore plus déprimé, mais sortir de chez moi m’a fait du bien. Après tout, ce n’est pas la destination qui compte, mais le chemin. #Renaudbray #édito #bonheur. »
Une méthode un peu radicale et non prouvée scientifiquement consiste à comparer la personne dépressive à autre chose d’encore plus déprimant. Ça ne marche pas vraiment, mais ça donne de bonne photos.
« Imaginez, vous pourriez être un rat-taupe nu… #arrêtedeteplaindre #prendstoienmain #donnetoiuncoupdepiedaucul #lesratstaupenueuxsontpaschanceux #renouvelletaprescriptiondativan.»
« Bref, le monde ce qu’ils veulent, c’est des winners », dirait René.
« Tu peux être en dépression, faut juste que tu sois le winner des dépressifs.
« Tu peux parler de tes malheurs, mais ça te prends un plan de communication pour ça. Faut tout planifier, les photos, les questions qui te seront posées, comment tu sera habillé.
«Toi, tu écris avec ton coeur. Ça ne marche plus ces affaires-là. Le monde s’en crisse. Faut que tout soit planifié, mêmes les larmes.
« Tout est un peu fake aujourd’hui, alors la vérité, ça dérange les gens. Ils ferment les yeux.
« T’as le choix, mon Pete. Tu peux être authentique et pauvre ou sinon un peu fake et devenir multimillionnaire. La décision t’appartient… »
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