Vous faites une dépression et vous cherchez un coupable ?
J’ai une bonne nouvelle pour vous. Ce coupable existe. Il s’appelle Néandertal.
Le hic, il vous sera difficile de lui passer un savon puisque cette espèce est disparue depuis 30 000 ans.
J’avais manqué cette nouvelle en 2016.
> Feeling Blue? Blame your Depression on Neanderthal DNA
Des chercheurs de l’Université Vanderbilt, aux États-Unis, ont alors découvert l’influence de l’homme de Néandertal sur l’homme moderne.
Comme Homo sapiens et Néandertal ont échangé des fluides corporels, il se trouve que nous avons hérité quelques gènes de cette espèce.
C’est là l’essentiel de la découverte des chercheurs américains. Certains de ces gènes étaient forts utiles il y a 40 000 ans. Mais aujourd’hui, c’est une autre affaire.
Ces gènes, notamment, augmenteraient aujourd’hui les risques de dépression.
Toute est dans toute, comme le veut l’adage populaire.
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D’une certaine façon, cette nouvelle démontre à quel point la dépression est une maladie complexe et que ça ne se soigne pas aussi facilement qu’une déchirure du ligament croisé antérieur du genou gauche, comme l’écrivait Lagacé.
D’une certaine façon, le tabou et le malaise sont aussi bien humains.
J’ai déjà comparé la dépression aux changements climatiques.
> De dépression et de changements climatiques
Ce qu’on ne voit pas est difficile à comprendre.
Remarquez que dans le cas des changements climatiques, ses conséquences commencent à être bien visibles.
Mais ce n’est pas comme une crise économique, par exemple. La crise économique fait des victimes au moment où elle se produit. Des fermetures d’entreprises, des pertes d’emplois. Des baisses de revenus.
Les changements climatiques ? Ça devrait être l’enfer sur Terre dans 50 ans. Mettons que le sentiment d’urgence n’est pas le même.
C’est comme la dépression.
Je suis présentement assis dans un café à écrire ce billet. Qui peut deviner que je fais une dépression ?
Je conçois fort bien que ça puisse être difficile à comprendre.
Ça demande aussi un effort. Pas évident de comprendre quelque chose qui ne nous saute pas dans la face.
Comme les changements climatiques.
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Pour illustrer à quel point ça peut être complexe, la santé mentale, il y avait cette nouvelle ce matin :
> L’intimidation laisse des traces dans l’ADN des jeunes victimes
En gros, résume Philippe Mercure, l’intimidation allume ou éteint certains gènes.
Ces marques épigénétiques étaient encore présentes chez des adultes de 45 ans, qui avaient été intimidés dans leur jeunesse.
Homo sapiens, un peu mélangé avec Néandertal, est une bibitte complexe. Le cerveau humain est une bibitte complexe.
Mon propre cerveau est une bibitte complexe.
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Mais ce n’est pas parce que c’est compliqué que ça ne peut pas aussi être simple.
La première chose à retenir de la dépression, c’est que des gens souffrent. Et souvent, ça ne paraît même pas.
Le plus difficile, c’est de faire comprendre cette souffrance. C’est ce que j’ai compris en me retrouvant dans cette galère.
Il faut donc en parler, la montrer, l’illustrer, l’expliquer, alouette…
Tsé, hier j’ai souri en soupant avec ma fille. Mais je pleurais en préparant le souper.
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