Hier, j’ai soupé avec un super héros.
Sur la photo, je suis un peu éméché d’avoir pris une pinte de bière de trop.
Lui est sur un high d’avoir pris une seule bière.
Mon ami Christian est de passage à Montréal afin d’assister aujourd’hui à une conférence sur la recherche sur le Parkinson.
J’ai rejoint Christian à son hôtel et il m’a proposé de marcher un peu avant d’aller manger.
En route vers le resto, Christian avait besoin de ses béquilles et je devais ajuster mes pas pour ne pas aller trop vite.
Au retour, jusqu’à sa chambre d’hôtel, c’est moi qui devait presque courir derrière lui, pendant qu’il portait ses béquilles sur ses épaules, tout en riant.
Ça duré 20 minutes avant qu’il ne casse, comme il a dit et qu’il ne reprenne ses béquilles pour avancer d’un pas incertain et lent.
Dans son cas, c’est aussi ça le Parkinson. Quelques instants dans une journée où Christian a l’impression d’être comme tout le monde. Puis, la réalité finit par le rattraper, cruellement.
La photo qui coiffe ce billet montre deux hommes souriants, qui cache cependant nos souffrances respectives.
Je n’ose pas me comparer à Christian, j’en suis incapable. Et Christian m’a appris une chose : la souffrance ne se compare pas.
La bonne nouvelle, c’est que tous les deux, nous sommes des battants. Tous les deux, nous sommes des amoureux de la vie.
Chacun de notre côté, on s’accroche. On trébuche, on se relève, et on continue d’avancer.
Nous avons chacun notre planche de Serpents et échelles, avec ses obstacles.
Sa planche à lui est plus cruelle que la mienne, cependant.
Mais c’est la vie. Christian a compris ça.
C’est profondément injuste qu’un homme de 39 ans se retrouve avec un diagnostic de Parkinson. C’est profondément injuste que 10 ans plus tard, à 49 ans, il doive marcher avec des béquilles. C’est profondément injuste qu’il ait dû abandonner sa carrière d’avocat, un métier qui le passionnait. C’est profondément injuste pour lui, et pour sa famille.
Je n’ai jamais entendu Christian prononcer ce mot une seule fois en 10 ans.
Il l’a sûrement pensé. Il l’a peut-être dit, mais à d’autres.
Il ne peut rien faire contre le passé. Il ne connaît pas l’avenir. Il vit dans le présent.
Ça semble si facile, dit comme ça. Mais ça ne l’est pas. Christian est le premier à le reconnaître. C’est tout un combat, vivre dans le présent.
C’est ce que je fais. C’est ce que j’essaie de faire. Et lui aussi.
Et il a une longueur d’avance sur moi, béquilles ou pas.
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