On en parle sans cesse, mais ça veut dire quoi ce fichu tabou ?
Je tente une illustration (au sens figuré) pour expliquer le tout.
Soixante-huit pour cent (68%) des gens n’hésiteraient pas à en parler à leur entourage si un proche ou un parent recevait un diagnostic de diabète.
Dans le cas d’un diagnostic de maladie mentale ? La proportion chute à 50 %.
Ces chiffres proviennent d’un sondage réalisé pour le compte de l’Association médicale canadienne.
Ces mêmes chiffres révélaient que 72 % des gens n’hésiteraient pas à dire qu’un proche souffre d’un cancer.
Donc, le tabou, c’est ça.
C’est moins gênant de dire que tu fais du diabète que d’annoncer que tu fais une dépression.
Ce sondage a été réalisé en 2008, mais mon petit doigt me dit que les résultats seraient sensiblement les mêmes aujourd’hui. Je n’ai pas réussi à trouver de données plus récentes.
Il est juste dommage que le sondage ne posait pas de question au sujet de l’ongle incarné.
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Pour continuer avec des chiffres, en voici un autre que je trouve particulièrement percutant. De plus, il est tout chaud, tout récent.
Quarante neuf pour cent (49%) des Canadiens ont déjà connu un problème de santé mentale.
Ça fait plus de 18 millions de personnes, 18,5 millions pour être exact. Du monde en ta, comme dirait le Moose…
Ces données proviennent d’un sondage de la Financière Sun Life mené en 2018.
Parmi ces 18,5 millions, 37% d’entre eux ont souffert d’anxiété, soit 7 millions de personnes.
Trente pour cent (30%) ont souffert d’une dépression. Ça veut dire 5,5 millions de personnes.
Si on prend les premiers chiffres cités plus haut pour mettre tout ça en contexte, ben ça donne 2,8 millions de personnes, au minimum, qui souffrent littéralement en silence. Personne ne sait que ces gens souffrent tout simplement parce que personne ne sait qu’ils sont malades.
Pour reprendre le Moose Dupont, ça fait de la souffrance en ta…
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L’un des problèmes avec la maladie mentale, c’est qu’elle n’est pas nécessairement visible.
Peut-être que si les gens portaient un plâtre sur la tête…
C’est le clin d’oeil de la photo qui coiffe ce billet.
C’était lors de mon séjour à l’hôpital en décembre dernier. J’ai bien rigolé en voyant cette affiche. Il faut juste espérer que les patients conservent leurs bras ou leurs jambes lors de l’ablation de leur plâtre…
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Donc, le tabou n’est pas juste un concept, une théorie ou un slogan publicitaire.
C’est une réalité.
Ce tabou fait en sorte que les gens souffrent deux fois plutôt qu’une.
Tu souffres déjà à cause de ton état, ton trouble anxieux, ta dépression, ton trouble bipolaire. Ça fait mal en criss.
Et puis, tu es ostracisés en quelque sorte. Parfois même par des gens qui sont très proches de toi. Ça ça fait mal.
Mais ce n’est pas toujours le cas, heureusement.
Il y a quelques mois, un ami m’a écrit pour me dire qu’il faisait partie de ceux qui vivait un profond malaise.
Mais il m’a aussi écrit pour me dire que notre amitié était plus forte que son malaise.
Il me disait qu’il n’avait aucune idée de ce qu’il fallait faire.
Je lui répondu qu’il faisait exactement ce qu’il fallait faire.
Comme quoi, le malaise et le tabou ne sont pas invincibles.
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