Un massothérapeute pas comme les autres

Journée difficile aujourd’hui. Crises d’angoisse et de larmes.

Un fucking serpent a croisé mon chemin, j’a reculé de quelques cases.

Dans ce temps-là, j’ai besoin d’écrire.

Je suis plutôt dur envers moi-même. Exemple : il m’arrive encore d’avoir de la difficulté à accepter mon état. De la difficulté à accepter que la guérison peut prendre du temps.

Je parle de tabou et de préjugés et il m’arrive moi-même de me trouver moumoune. Cordonnier mal chaussé.

J’ai pris un crayon et du papier pour faire le point sur les deux dernières années et j’ai rempli deux pages. Deux pages qui contiennent 19 raisons pour lesquelles ça fait si mal parfois. Encore.

Je me suis trouvé moins moumoune. Jusqu’à la prochaine fois.

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Écrire m’aide avec mes angoisses. Mais ça me prend aussi un sujet.

J’ai envie de vous parler d’une personne qui m’aide beaucoup depuis décembre dernier.

Si mon psychologue n’avait pas insisté pour que j’aille me faire masser, je n’aurais jamais fait la rencontre d’Yves Lapointe.

Yves est massothérapeute. Il se spécialise particulièrement dans le traitement de soldats victimes de choc post-traumatique.

Parce que le choc n’est pas vécu seulement dans la tête. Le corps en absorbe une partie. Et les tensions qui suivent laissent des traces.

Yves fait équipe avec une psychologue qui se spécialise elle aussi dans le traitement de militaires victimes de choc post-trauma.

Voilà donc un massothérapeute avec une approche plutôt unique.

Forcément, j’ai fini par raconter mon histoire à Yves. Faut dire qu’il pose de bonnes questions et je me suis aussi senti en confiance.

Bref, mon rendez-vous hebdomadaire est devenu un incontournable.

En prime, Yves trippe autant que moi sur Crowded House, ce groupe pop australien, digne successeur des Beatles.

La photo qui coiffe ce billet, c’est d’ailleurs à mon avis l’un de meilleurs albums de Crowded House, soit Woodface. Je les aime tous, mais celui-ci a une place particulière dans la discographie de Neil Finn et compagnie.

On jase donc musique, aussi. Il est batteur, j’ai également eu droit à quelques conseils pour drummer sur mon nouveau jouet.

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Yves souhaite former d’autres massothérapeutes aux techniques qu’il emploie.

Son expertise, il l’a bâtie au fil des ans, au fil de ses discussions avec sa collègue psychologue et d’autres spécialistes, au fil de ses rencontres avec des militaires maganés et au fil de ses nombreuses lectures.

Je n’ai jamais vu un massothérapeute qui comprend aussi bien l’esprit humain, alors que son champ d’expertise, c’est d’abord le corps.

Je trouve ça fascinant.

Et je me trouve chanceux. En plus, sa clinique se trouve à deux coins de rue de chez moi.

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Il y a deux semaines, Yves s’est inquiété de ne pas me voir arriver à un rendez-vous.

J’avais décidé à la dernière minute de partir en randonnée dans les Adirondacks et j’avais aussi complètement oublié d’annuler mon rendez-vous. Mauvaise idée.

Je vois Yves presque toutes les semaines. Il voit mon humeur s’améliorer, mais aussi fluctuer au gré de nos rencontres.

Inquiet de ne pas me voir à mon rendez-vous, il s’est présenté chez moi. Voyant qu’il n’y avait personne, il a appelé la police, qui a déployé l’artillerie lourde.

Yves s’est aussi rappelé du nom de mes enfants et il a réussi à joindre mon fils sur Facebook. C’est mon fils, fin limier, qui, le premier, a émis l’hypothèse que j’étais parti en randonnée avec ma fille et mon chien.

À ce moment-là, la police, après être entré chez moi, avait lancé un avis de recherche dans tout Longueuil.

En même temps, les policiers communiquaient avec la douane américaine pour vérifier si j’avais en effet franchi la frontière.

Pendant que la police me cherchait partout, je grimpait le mont Wright Peak dans l’État de New York. Le cellulaire fermé, évidemment.

Une fois franchi les douanes, à notre retour, j’allume mon cellulaire et je constate que je suis recherché par plein de gens inquiets….

Au début, j’étais un peu choqué, puis j’ai compris que j’avais fait la même chose il n’y a pas si longtemps. Finalement, on a bien ri ma fille et moi sur le chemin du retour. Elle disait qu’on avait déclenché une alerte Amber après qu’une jeune femme de 25 ans ait enlevé son père de 52 ans 😉

Yves, lui, se confondait en excuses d’avoir provoqué une telle situation. Et moi, je m’excusais de n’avoir pas pris le temps d’annuler mon rendez-vous.

Ça s’est réglé autour d’une bière.

Mais je peux dire une chose, je ne connais pas beaucoup de massothérapeute qui se seraient inquiétés à ce point.

J’imagine qu’un certain lien s’est tissé entre nous deux au fil de nos rencontres.

Mais Yves ne s’intéresse pas juste aux muscles qu’il masse, il s’intéresse encore plus à la personne couchée sur sa table à massage.

Je ne vois pas d’autres explications. C’est un homo sapiens, un vrai.

Et il retourne vivre au Saguenay, son patelin, en juillet.

Il va me manquer plus qu’il ne peut l’imaginer.

Publié par

ÉP Champagne

Humain de 51 ans. Né sous le nom d’Éric-Pierre Champagne, un 15 avril 1967. Parfaitement imparfait. Se pose beaucoup de questions et n’a pas toujours les réponses. Se demande justement où s’en va homo sapiens… Toujours dans le sens de l’évolution? Et quelle évolution? Comme la majorité des humains sur cette planète, ma vie est faite de hauts et de bas. Il y a eu quelques bas au cours des dernières années. J'ai fait plein de « fucking » petits pas pour m’en sortir. Écrire et composer de la musique sont les deux choses qui me font le plus grand bien dans ces moments difficiles. En plus de faire du jogging. Sauf que je ne peux pas courir plusieurs fois par jour. Écrire et faire de la musique, si. Je suis journaliste. Mais aussi plein d’autres choses. Père de deux adultes, propriétaire d’un gros toutou et d’un chat, amant de la nature, de la musique, du jardinage, des randonnées en montagne, des balades en vélo, de milk shake préparés exclusivement à la laiterie La Pinte et amoureux de la vie, quand elle ne me tombe pas dessus, comme le ciel chez les Gaulois. Je ne suis pas à une contradiction près, j’ai quelques bibittes dans ma tête et autres blessures de l’âme, comme la majorité des habitants de cette planète. Mais dont la grande majorité, justement, ne veut tout simplement pas l’avouer. Préoccupé par l’avenir de la planète, mais surtout de l’avenir d’homo sapiens et celui des relations humaines. Parce que c’est ce qu’on est, après tout, des animaux sociaux. Encore un brin naïf, malgré plusieurs poils de barbe blancs et quelques cheveux aussi. Toujours envie de changer le monde, mais j’ai appris à la dure que les sauveurs n’existent pas. On fait juste notre petite contribution, pis c’est ben correct comme ça. Dans un premier temps, vous allez retrouver sur Homo sapiens mes textes, plutôt personnels, et mes compositions musicales, qui ne passeront pas à CKOI. Et j’en suis fort aise. Plus tard, pourquoi pas, on y retrouvera aussi des histoires qui font du bien. Des histoires d’humanité. Des histoires de héros ordinaires. De chevalier Jedi qui restent du côté lumineux de la Force et qui font le bien à petite échelle. Pour se rappeler qu’homo sapiens existe encore et que son avenir n’est pas nécessairement celui qu’on voit venir. Parce qu’être naïf, du moins un peu, me semble qu’on a encore besoin de ça, non?

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