C’est dimanche et il pleut.
D’habitude, un dimanche pluvieux avait le don de me rendre heureux. Une journée à lire un bon livre. Le temps qui s’égrène lentement. Plus lentement que d’habitude.
Le son de la pluie sur les fenêtres.
Un moment zen dans une vie où tout va trop vite.
Mais ce n’est pas le cas ce matin.
Les traitements de stimulation machin ont beau fonctionner, ça va prendre un certain temps avant que tout ne rentre dans l’ordre dans ma tête.
Et puis, il y a toujours les fameux serpents et échelles.
J’ai pogné un serpent après mes séances de SMTr jeudi dernier.
J’ai donc reculé de quelques cases. La bonne nouvelle, c’est que je suis maintenant capable de remonter plus rapidement les cases perdues pour cause de serpent.
Ça n’enlève en rien au fait que ça fait justement mal en criss de pogner un serpent.
Mais bon, ils sont là et puis tant qu’ils ne mordent pas 😉
Il y a quand même des petits bonheurs.
Comme de voir ma fille se lever ce matin en pestant contre la fin des activités de la Ligue canadienne féminine de hockey.
« TVA Sports a trois ou quatre chaines, RDS aussi. On diffuse même les compétitions de dards et pas le hockey féminin », peste-elle en préparant son déjeuner.
On diffuse à l’occasion certaines compétitions, mais pas les matchs du calendrier régulier.
Bien franchement, elle a tout à fait raison.
Elle est « grosse comme ça » et garde les buts trois à quatre fois par semaine. Parfois plus.
Elle joue dans une ligue de garage féminine, mais aussi dans des équipes mixtes.
Bref, le hockey, c’est l’une de ses passions.
Je ne sais pas de qui elle tient ça, mais elle n’a peur de rien. Affronter des garçons ? Amenez-en des défis. Au point où c’est elle qui fait parfois la différence et permet à son équipe toute féminine de battre une équipe de garçons, qui ne comprennent pas ce qui vient de se passer.
L’été dernier, elle travaillait au service d’horticulture de la Ville de St-Bruno. Comme dans bien des municipalités, les employés aux travaux publics sont généralement des hommes et les femmes ne sont pas nécessairement bien vues.
Sauf que ma Noémie a un sens de la répartie d’enfer. Je n’envie vraiment pas le garçon qui va décider de l’écoeurer.
Toute petite, je disais donc, mais capable d’en prendre et de jouer dur dans les coins quand c’est nécessaire.
Je crois que je le faisais déjà, mais je le fais encore plus depuis que je suis en dépression. Lui dire à quel point je l’aime.
Elle est mon pilier depuis 7 mois. Je découvre encore ma fille de 25 ans et son incroyable force de caractère. Je lui découvre aussi un véritable talent d’aidante.
La plupart des gens ne savent pas quoi faire ni quoi dire et parlent pour te réconforter, pour combler leurs propres malaises probablement. Les clichés et les lieux communs s’accumulent, et c’est la dernière chose que tu veux entendre.
Je ne compte plus les fois où Noémie m’a prise dans ses bras alors que je pleurais. Elle m’a serré fort. Jusqu’à ce que ça passe.
Pas besoin de mots. Je savais qu’elle était là. Je savais qu’elle savait que j’avais mal en criss. Et elle savait que j’avais juste besoin de sentir qu’elle était à mes côtés.
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Un petit mot sur les produits dérivés, puisque c’est le titre qui coiffe ce billet.
Et c’est un produit dérivé qui l’illustre.
Un produit dérivé du bonheur. Une business florissante.
« Le bonheur est magnifique sur vous. »
C’est ce que dit ce coussin en vente chez Indigo.
Je dois la photo à Pascale Fontaine qui n’en revenait pas.
Ce qu’il y a de bien avec le bonheur, c’est qu’il n’y a pas de redevance à payer si on veut utiliser le concept pour mousser la vente de ses produits.
Le bonheur n’appartient à personne. Il n’y a pas de brevet sur le bonheur.
On peut faire dire n’importe quoi au bonheur.
Chaque fois que je brosse mon chien, je me dis toujours qu’il y aurait quelque chose à faire avec tout ce poil. La première idée qui me vient en tête, ce sont des coussins.
Je pourrais lancer ma ligne de coussins pour faire concurrence aux produits dérivés du bonheur.
« Lâche pas tes fucking petits pas ».
« Tu vas pogner un serpent, mais y a toujours une échelle pour remonter ».
« La souffrance, c’est pas drôle, mais tu peux parfois essayer d’en rire. »
« Ce qui a de bien avec la dépression, c’est que tu perds du poids ».
Qu’en pensez-vous ?
Sur ce, je m’en vais brosser mon chien.
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