C’était la journée mondiale du bonheur aujourd’hui.
J’avoue que je n’ai rien fait de spécial pour célébrer.
Trop occupé à travailler fort dans les coins pour retrouver toute ma tête.
Et non, je ne lis pas le livre Mon projet bonheur avec son programme en 12 semaines pour atteindre le nirvana.
J’ai pris la couverture en photo, sous le choc de voir que de telles sottises ont leur place en librairie.
Mais dans le fond, ce n’est pas si étonnant. Je l’ai dit, on vit dans la dictature du bonheur.
Pas surprenant qu’il y ait des livres nous promettant le bonheur en 12 semaines. Ça doit se vendre comme de petits pains chauds.
Je devrais plutôt tenir un blogue sur le bonheur et inventer moi aussi ma recette pour le nirvana.
///
Ça serait mentir que vous dire que je suis heureux présentement. Mais j’ai eu un petit moment de bonheur, si l’on peut dire, quand l’infirmière qui s’occupait de me donner mes traitements aujourd’hui, m’a annoncé qu’elle avait lu le billet de mon blogue Quand la stimulation machin côtoie la détresse humaine.
J’étais d’autant plus étonné que je n’avais pas parlé de mon blogue. Je disais seulement que j’écrivais pour calmer mes angoisses.
J’ai été encore plus étonné d’apprendre que mon texte circulait maintenant dans les officines du CHUM. Même le chef de la psychiatrie l’avait lu, paraît-il.
Quelqu’un au service des communications du CHUM est tombé sur mon blogue. Je ne le cache pas, mais je n’en fais pas non plus la promotion, à part auprès de mes « amis » Facebook. Je suis loin d’avoir l’auditoire de Patrick Lagacé, mettons. Mais bon, je parlais du CHUM, j’imagine qu’avec quelques mots clés dans une recherche pour une veille média, ce n’était pas si difficile à trouver.
À partir de là, mon texte s’est mis à circuler au CHUM.
Y a pas à dire, les « z’internets »…
///
Pendant mes traitements, soit je ferme les yeux et j’essaie de relaxer, soit je jase avec l’infirmière.
C’est plus facile de jaser quand je reçois le traitement du côté droit. Le signal électrique est continu.
À gauche, c’est comme un marteau-piqueur sur ta tête. Cent impulsions pendant 25 secondes. Ça cogne. La moitié gauche de mon visage frétille, jusqu’au bout du nez, pendant ces 25 secondes. Un instant (trop court pour moi) de repos et on repart pour 100 impulsions en 25 secondes.
Ça donne de drôle de conversations. Surtout qu’il y a un signal audio me prévenant chaque fois qu’une nouvelle série d’impulsions s’en vient. Si je viens de commencer une phrase, et que j’entends le signal audio, je suspends ma phrase et me prépare pour le marteau-piqueur…
J’imagine que ça doit être assez surréaliste comme scène.
Mais comme je le répète, le ridicule ne tue pas…
///
La journée du bonheur, donc.
C’est drôle, je suis plutôt tombé sur cette nouvelle que j’ai trouvé déprimante, mais pas si surprenante.
Ce n’est pas si surprenant, quand on y pense bien. Le monde carbure aux antidépresseurs et aux anxiolytiques. C’est peut-être juste normal que ceux qui préparent toutes ces prescriptions commencent eux aussi à être à bout.
J’ai posé une question à mon infirmière aujourd’hui.
« Trouvez-vous que la santé mentale reçoit toute l’attention qu’elle devrait recevoir considérant toutes ces données alarmantes ? »
Sa réponse était claire : « Non. »
///
Finalement, la fiction que j’ai commencé à rédiger pour me changer les idées, ça serait vraiment catastrophique si ça se produisait.
De la fiction pour déjouer le cerveau
Les pharmaciens qui se disent aujourd’hui au bout du rouleau capoteraient leur vie, comme disent les ados.
Tous ces antidépresseurs et anxiolytiques backorder… Tous ces clients hystériques au comptoir de la pharmacie…
Le monde sombrerait dans un jolis chaos.
J’essaie de traiter le tout avec humour, parce que si on y pense un peu, ça fait peur.
Et dire qu’on célèbre une journée internationale du bonheur.
Finalement, je crois que je préfère la journée mondiale du pop-corn ou la journée internationale de la plomberie.
Excellent texte. Y a des petits bijoux de phrases. Particulièrement le moment où tu racontes le traitement. On s’y sent. Ça ne donne pas trop le goût d’être à ta place par ailleurs…
Sérieux, lâche pas. Tu n’écris pas tout ça en vain. Lentement, mais sûrement un hamster puis un mammouth à la fois, mon vieux.
Bientôt le vrai dégel, les marches avec le chien le long du Fleuve. La vue sur Montréal. La lumière d’avril, Les photos que tu vas nous montrer. Ton quartier qui est un petit village bien animé et où j’irai prendre un café en ta compagnie. Avant le dégel si nécessaire.
Courage!
J’aimeJ’aime
Merci Daniel ! Chaque mot d’encouragement me donne un peu plus de courage, qui manque parfois, mais heureusement de moins en moins.
J’aimeJ’aime