Je me suis réveillé ce matin, un peu anxieux, mais avec une nouvelle certitude en tête.
J’ai écrit tout ce que j’avais à écrire au sujet de ma dépression.
La « vidange », comme je l’ai appelée, est pas mal terminée.
Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’autres journées difficiles et encore de petits pas à faire.
On ne peut pas dire que je suis guéri.
Mais la vidange terminée, je peux commencer la reconstruction.
Pour une vidange, c’était toute une vidange. À coups de crises de larmes interminables et de cris pour évacuer la douleur qui me tenaillait la poitrine.
Je sais maintenant c’est quoi, cette douleur. Et je ne l’oublierai jamais. Et je serai là pour ceux qui la vivront. Ou qui la vivent. Y a au moins une personne, en ce moment même, que j’ai envie de prendre dans mes bras et juste lui dire, vas-y, t’as le droit, ça fait mal, pleure, crie, vas-y. Je suis là, je ne te juge pas, je suis juste là.
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J’ai aussi un nouveau chez-moi maintenant.
D’une certaine façon, pour employer une expression du monde du sport, mes bras meurtris vous tendent le flambeau.
J’ai beaucoup parlé du tabou, du malaise. Je vous ai dit aussi les conséquences que ça avait eu sur ma vie. Que le tabou n’est pas qu’un concept théorique.
Mais maintenant que c’est dit, je ne peux vivre avec ça toute ma vie.
Je ne peux rien faire pour changer le passé. Je peux cependant en tirer des leçons.
Mais le ruminer ne me mènera nul part.
C’est pour ça que je dis que mes bras meurtris vous tendent le flambeau.
Ça ne veut pas dire que je n’en parlerai plus jamais. Mais c’est à votre tour, maintenant.
Plusieurs m’ont écrit pour me dire qu’ils étaient d’accord avec ce que j’écrivais. Qu’ils m’encourageaient même à continuer d’écrire là-dessus.
À mon tour de vous encourager.
Vous avez des choses à dire au sujet de la dépression, de la souffrance, du tabou, du malaise ? Faites-le.
Je pense que j’ai pas mal fait ma part dans les deux derniers mois.
Ma fille me faisait remarquer que même en dépression, j’avais trouvé la force d’écrire une lettre pour La Presse. Lettre qui a quand même fait pas mal jaser.
C’est dans ma nature, je ne baisse jamais les bras. Ce qui ne veut pas dire que parfois, même souvent, ça ne faisait pas mal en criss.
Maintenant, je vais utiliser cette volonté pour me reconstruire. Parce que jusqu’à présent, elle me servait à survivre. À garder la tête hors de l’eau, point.
Ça ne veut pas dire que ça sera facile. Ça ne veut pas dire que je n’aurai plus mal et qu’il n’y aura pas d’autres journées difficiles.
Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’autres fucking petits pas à faire.
Mais ça veut dire que je viens de franchir une étape. Que tous ces fucking petits pas faits depuis deux mois commencent à donner des résultats.
Je vais continuer d’écrire, parce que ça me fait encore du bien.
J’aurais sûrement d’autres choses à dire. Et de la musique à faire.
Et plein d’histoires à raconter. Des histoires d’homo sapiens encore.
De petites et de grandes histoires.
Parce que c’est encore ce que nous sommes, des homo sapiens. Pis y en a des choses à dire à son sujet.
Je vous laisse donc sur cette pièce que j’ai composée en 2012 et qui s’intitule Rédemption.
Parce que c’est comme ça que je me sens ce matin…
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