Je l’ai dit, j’ai parfois très mal.
Mais parfois, aussi, ça devient presque animal.
Un ami m’a raconté avoir vécu une crise du genre. Ses proches étaient désemparés quand ça s’est produit. Il était en petite boule par terre à pleurer et hurler sa vie.
J’ai vécu une crise semblable aujourd’hui. Il n’y avait personne à la maison avec moi et c’était peut-être mieux comme ça. Ce n’était pas la première d’ailleurs. Il y en a eu quelques-unes depuis quelques semaines.
Aujourd’hui, il y avait mon chien, qui me regardait d’un air perplexe.
Le chat était dehors. Et je ne crois pas qu’il aurait remarqué que quelque chose se passait s’il avait été à l’intérieur. Des fois, j’aimerais ça être un chat.
Bref, j’ai pleuré et hurlé ma vie pendant 30 minutes. Quand je dis hurlé, c’est le mot exact. Et quand je dis 30 minutes, c’est au minimum 30 minutes.
Je me sentais coupable de ne pas être allé faire mon jogging aujourd’hui.
Après ma crise, je me suis dit que je venais de faire au minimum un 5 km.
Je ne sais trop ce que j’ai pleuré et ce que j’ai hurlé. Je sais juste que ça faisait affreusement mal. Ça faisait fucking mal.
Il y avait plein d’affaires là-dedans, c’est sûr.
C’est dur à expliquer avec des mots. Et je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de documenter ça en vidéo. J’ai encore un minimum de fierté.
En photo, je ne sais pas non plus ce que ça prendrait pour illustrer ça.
Je comprends maintenant plein de choses que je ne saisissais pas avant. Comme la vraie douleur. Celle qui te fait perdre tes moyens et hurler, littéralement, ta peine et ta colère.
Je l’avais vue, mais jamais je ne l’avais vécue.
Une tornade intérieure d’une violence inouïe.
Je suis passé à travers une tornade au cours des deux dernières années.
Mais j’étais dedans, ce n’était pas la tornade qui était en moi. C’est comme si la tornade que j’ai vécu avait laissé des petits bouts en moi.
Vous allez dire que Champagne est en train de virer fou…
Je pense plutôt que je suis en train de faire les vidanges.
Je ne sais trop ce qui va ressortir au final de cette dépression. On dit que ça nous change à jamais. En général pour le mieux.
Je sais que mon regard sur les autres ne sera plus jamais le même. Surtout pour ceux qui souffrent.
En même temps, je ne chercherai plus jamais à jouer au héro. Been there, done that, got the t-shirt, comme on dit en bon Québécois.
Je pourrai mieux comprendre la douleur des autres sans chercher à la porter sur mes épaules. Sans me l’approprier. Parce que je l’ai vécue maintenant.
Je pourrais mieux comprendre la douleur des autres et leur dire de la hurler, parce que c’est vrai que ça fait du bien. Je pourrais leur dire qu’à chaque fois, ce sont des petits bouts de douleur qui s’en vont. Et qu’il y en aura d’autres. Et qu’il faudra pleurer et hurler encore.
Pis qu’un moment donné, à force de laisser sortir ce qui peut nous sembler des procaryotes de douleur, y commence nécessairement à en avoir moins. Ça fait de la place pour autre chose.
Ça aura été ma leçon de la journée.
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