Des « fucking » petits pas

Je lance ce blogue dans une drôle de période de ma vie.

Je suis en arrêt de travail et en dépression.

Je me suis vite rendu compte qu’écrire me faisait le plus grand bien. Une des rares choses qui me permettait de calmer la douleur qui me prend souvent à la poitrine. (Non, ce n’est pas une crise d’angine.) Et les angoisses qui suivent. Où les larmes qui montent et la crise de larmes qui suit. Et qui dure parfois plusieurs minutes.

J’ai donc commencé à écrire. Mais rapidement, j’ai eu aussi l’envie de partager mes réflexions. Une impulsion, une intuition que ça serait peut-être une bonne idée. D’abord pour moi, bien sûr.

Mais surtout, parce que je réalisais ce que ça voulait dire vraiment être en dépression.

Je suis en général assez sensible à la souffrance des autres. J’ai l’empathie assez développée, mettons. Plusieurs de mes proches peuvent en témoigner.

J’ai accompagné mon ex dans deux dépressions majeures, dont la dernière alors que nous étions séparés. Je voyais sa souffrance, je compatissais, je la soutenais du mieux que je pouvais, même quand c’était franchement difficile pour moi. Mais je réalise que je n’y comprenais pas grand-chose.

Je comprends maintenant, c’est quoi la patente, si on peut l’appeler ainsi.

Ça fait « fucking » mal. Comme je ne pouvais pas l’imaginer.

Je n’ai pas d’idées suicidaires. Mais je comprends maintenant que des gens puissent en avoir, des idées noires. Que certains puissent passer à l’acte.

Mon meilleur ami s’est suicidé en 2003. Même en dépression, je ne peux qu’imaginer sa douleur pour qu’il décide de se passer la corde autour du cou.

Il m’est arrivé dans les dernières semaines d’avoir tellement mal qu’on m’aurait dit de manger de la crotte de cheval pour calmer cette douleur, je l’aurais fait.

Quand tu as mal, c’est tout ton être en entier qui souffre. Tu as mal, point. Il n’y a rien d’autre qui existe.

J’ai donc commencé par faire ma sortie du placard sur Facebook. Sortie du placard est un grand mot, mais c’est bien vrai que la dépression et la santé mentale en général sont encore des sujets tabous.

J’ai donc tout avoué.

Et la réaction m’a étonné. Non, elle m’a jeté sur le derrière.

Plusieurs compatissaient, bien sûr, et m’envoyaient de bons mots d’encouragement.

Mais la majorité me demandait de continuer à écrire là-dessus. Qu’il fallait continuer à briser le tabou.

Surtout, plusieurs m’ont écrit pour me dire que mes mots à moi leur faisaient du bien à eux.

Alors que j’écrivais d’abord pour soulager mes douleurs et recevoir un peu de réconfort.

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Je lance donc ce blogue en toute humilité. Encore là, c’est pour moi d’abord que je le fais. Parce que ça me fait du bien.

Au cours des deux dernières années, j’ai vécu un stress énorme. J’ai croisé quelques mammouths. Et j’ai fini par craquer.

J’avais dépassé mes limites. Et de loin.

Depuis, je fais des petits pas. De « fucking » pas, comme je les appelle.

Parce qu’il n’y a pas de recette magique à la dépression. Ça prend du temps et beaucoup de travail pour s’en sortir.

Ça ressemble à la guitare, l’une des mes passions. Il n’y a pas de recette magique pour apprendre à en jouer. Et ensuite s’améliorer. Ça prend un minimum de talent, évidemment. Mais surtout, beaucoup de travail et le temps qui vient avec.

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En découvrant, à la dure, combien c’est douloureux une dépression, une des premières choses qui m’est venue en tête, c’est que nous étions une crisse de gang à souffrir sur cette planète.

L’autre chose qui m’est venue en tête, c’est qu’on vit vraiment dans une société obnubilée par la dictature du bonheur. Le bonheur est partout. On nous vend du bonheur chaque jour. À un point tel que t’as un crisse de problème si t’es pas heureux alors que l’offre de bonheur est si abondante

On veut entendre parler de bonheur, mais on ne veut rien savoir de la souffrance.

Alors qu’elle aussi est bien réelle. Et que la vie est faite de périodes de bonheur et de souffrance. Mais de cette dernière, il faut en parler le moins possible.

Je vais donc tenter de faire une modeste contribution de ce côté.

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Comme le ridicule ne tue pas, je vais aussi partager mes compositions musicales. C’est ici qu’on les retrouvera dorénavant.

Encore là, je fais et je compose de la musique parce que ça me fait du bien. Pendant les quelques heures où je compose, j’enregistre et je mixe des pièces, mon esprit n’est pas ailleurs. Et la douleur s’estompe un peu pendant cette période de création.

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Finalement, vous vous demandez sûrement pourquoi cette image de moi en chevalier Jedi? C’est une excellente question. La réponse viendra au fil des prochains billets et d’au moins une pièce musicale en préparation.

Dans mon cas, Luke Skywalker a vraiment fait partie de ma vie. Non, rassurez-vous, je n’ai jamais été un chevalier Jedi.  Je ne me suis jamais pris pour un chevalier Jedi. Un héro, oui, mais pas un Jedi.

Vous comprendrez bien assez vite.

p.s. : Un gros merci à Philippe Tardif pour les illustrations. Je suis nul en dessin. J’aurais beau vouloir faire croire qu’ils sont de moi, personne ne me croirait.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié par

ÉP Champagne

Humain de 51 ans. Né sous le nom d’Éric-Pierre Champagne, un 15 avril 1967. Parfaitement imparfait. Se pose beaucoup de questions et n’a pas toujours les réponses. Se demande justement où s’en va homo sapiens… Toujours dans le sens de l’évolution? Et quelle évolution? Comme la majorité des humains sur cette planète, ma vie est faite de hauts et de bas. Il y a eu quelques bas au cours des dernières années. J'ai fait plein de « fucking » petits pas pour m’en sortir. Écrire et composer de la musique sont les deux choses qui me font le plus grand bien dans ces moments difficiles. En plus de faire du jogging. Sauf que je ne peux pas courir plusieurs fois par jour. Écrire et faire de la musique, si. Je suis journaliste. Mais aussi plein d’autres choses. Père de deux adultes, propriétaire d’un gros toutou et d’un chat, amant de la nature, de la musique, du jardinage, des randonnées en montagne, des balades en vélo, de milk shake préparés exclusivement à la laiterie La Pinte et amoureux de la vie, quand elle ne me tombe pas dessus, comme le ciel chez les Gaulois. Je ne suis pas à une contradiction près, j’ai quelques bibittes dans ma tête et autres blessures de l’âme, comme la majorité des habitants de cette planète. Mais dont la grande majorité, justement, ne veut tout simplement pas l’avouer. Préoccupé par l’avenir de la planète, mais surtout de l’avenir d’homo sapiens et celui des relations humaines. Parce que c’est ce qu’on est, après tout, des animaux sociaux. Encore un brin naïf, malgré plusieurs poils de barbe blancs et quelques cheveux aussi. Toujours envie de changer le monde, mais j’ai appris à la dure que les sauveurs n’existent pas. On fait juste notre petite contribution, pis c’est ben correct comme ça. Dans un premier temps, vous allez retrouver sur Homo sapiens mes textes, plutôt personnels, et mes compositions musicales, qui ne passeront pas à CKOI. Et j’en suis fort aise. Plus tard, pourquoi pas, on y retrouvera aussi des histoires qui font du bien. Des histoires d’humanité. Des histoires de héros ordinaires. De chevalier Jedi qui restent du côté lumineux de la Force et qui font le bien à petite échelle. Pour se rappeler qu’homo sapiens existe encore et que son avenir n’est pas nécessairement celui qu’on voit venir. Parce qu’être naïf, du moins un peu, me semble qu’on a encore besoin de ça, non?

2 réflexions au sujet de « Des « fucking » petits pas »

  1. La musique me fait aussi un plus grand bien. Je n’ai pas la chance d’avoir le talent d’en écrire, mais j’en écoute. Beaucoup. Et parfois, il y a une « toune » qui vient me ramasser. Et elle me prend tellement fort que ça fait mal. Mais en même temps, elle me fait du bien, parce qu’elle sait dire ce que je ne suis pas capable d’exprimer. La dernière: Broken – de Patrick Watson. J’avais l’impression qu’il l’avait écrite pour moi. La première fois que je l’ai entendue, c’est quelques semaines après avoir été diagnostiquée dépressive. Et c’est à ce moment que j’ai compris que je ne pouvais pas nier ma dépression. J’étais malade et de devais « dealer » avec. Ce que je fais toujours. Pour moi, c’est un combat de tous les jours. Lâche pas Pierre.

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