Je ne sors pas souvent. Mais hier, je me suis rendu au vernissage de Caroline qui exposait ses toiles pour la première fois.
J’ai connu Caroline à D’un couvert à l’autre. Elle y travaille entre autres comme infographiste à temps partiel.
Elle peint aussi. Et elle a du talent.
Hier, son vernissage se tenait au 3e lieu.
La scène était émouvante. Plein de gens sont venus pour l’événement : famille, amis et au moins un intervenant en santé mentale. Rien ne l’obligeait à être là. L’événement se tenait en dehors de ses heures de travail.
Caroline avait le sourire fendu jusqu’aux oreilles.
Elle était en train de scorer plusieurs buts !!
Mon ami Jerry était là évidemment. Avec Caroline, il se rappelait les moments difficiles qu’elle a traversés.
Et Caroline d’affirmer qu’elle ne s’était pas sentie aussi bien depuis belle lurette.
Je ne connais presque rien de son histoire, mais je devine qu’elle reçu plusieurs passes à DCL. Des passes qui lui ont permis de lever les bras au ciel et de célébrer des buts.
Hier, elle a connu tout un match ! Cinq de ses sept toiles ont trouvé preneur.
Caroline rayonnait évidemment.
Dans un autre billet, hier, je parlais de cet homme de Québec, visiblement en pleine psychose, dont au moins un hôpital ne voulait pas de lui.
> Comme un déchet qu’on retourne à la rue
Qui sait les talents qui habitent cet homme ? Un peintre, un musicien, un poète, un sculpteur ?
Mais pour l’instant, il n’est pas un être humain. Il est un schizophrène, un fou, qu’on préfère retourner à la rue.
Quand on y pense c’est fou ce qu’une passe peut faire comme différence.
Caroline n’est pas la seule d’ailleurs qui cache un talent d’artiste.
Il y a aussi Guylaine, qui a exposé ses toiles au 3 lieu il y a quelques semaines.
J’étais allé la saluer à son vernissage.
Son sourire valait le détour.
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Je ne sais pas d’où elle tient ça, ma fille, cette capacité d’être juste là, jour après jour.
Me prendre dans ses bras et me serrer fort quand ça ne va pas. Ce qui arrive encore fréquemment.
Ne rien dire, juste être là.
Mon ami Jerry n’arrête pas de lui dire qu’elle ferait une excellente intervenante en santé mentale.
Noémie ne veut rien entendre. C’est pour son papa qu’elle fait ça.
Pas question d’abandonner ses études en production maraîchère. Elle aime trop la nature, la terre, la vie qui pousse.
C’est la même chose pour mon fils. Une force tranquille.
On dirait que tous les deux ont chacun fait un doctorat en santé mentale.
Ou comme s’ils avaient lu ce texte qui explique comment se comporter avec une personne qui a subi un trauma.
> Why Trauma Survivors Can’t Just Let It Go
En tout cas, moi, je me suis totalement reconnu dans ce texte.
Bon il faut dire que mes enfants en ont bavé eux aussi ces dernières années. J’imagine que les événements ont forgé leur caractère.
S’il y a une chose sur laquelle on s’entend, leur mère et moi, c’est à quel point nous sommes fiers de ces deux être humains.
Comme Nathalie m’a fait remarquer, « malgré nos familles fuckées, on a réussi à accompagner nos deux enfants qui sont devenus de beaux jeunes adultes responsables, avec une tête sur les épaules, empathiques, authentiques, ouvert d’esprit, avec un coffre à outils qui leur permet d’affronter la vie, et d’autres qualités que beaucoup d’adultes de notre «belle société de consommation» n’ont pas. »
L’an passé, quand j’ai pris la décision d’héberger mon ex alors qu’elle nageait en pleine dépression et qu’elle avait des idées noires, ce n’était pas mon premier choix. Je souffrais déjà.
Mais nous étions la seule famille qui lui restait. Sa famille à elle se tenait loin de ça, la dépression.
L’importance de la famille était une chose que nous avions en commun, Nathalie et moi. L’empathie était certainement l’une des qualités qu’on a cherché à enseigner à nos enfants.
Inconsciemment, c’est probablement l’une des choses qui m’est revenue en tête au moment où j’ai pris la décision de l’héberger, même si je m’en sentais incapable.
Ça été tough, comme jamais je n’aurais pu l’imaginer, mais je n’ai pas de regrets.
Je ne regrette pas de l’avoir soutenue malgré le fait que nous étions séparés.
Surtout qu’aujourd’hui, elle va mieux.
Évidemment, ma fameuse ride en taxi jusque chez elle alors qu’elle disait vouloir en finir a causé un trauma dont je subis encore les conséquences. J’ai surfé un temps sur ce trauma, mais il a fini par me rattraper.
Le chemin vers la guérison est long et souffrant. Mais comme je l’ai dit, je suis un fucking warrior !
Je ne sais trop quelles leçons mes enfants ont tiré de toute cette histoire.
Mais je devine que pour eux, ça été une leçon d’humanité et d’empathie.
Une humanité et une empathie dont je bénéficie chaque jour.
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