Je viens de lire Marc Séguin dans La Presse et j’ai eu le moton, je dois l’avouer.
Séguin raconte sa séparation à venir avec son chien Mira.
Il savait exactement dans quoi il s’embarquait au moment de prendre ce chien pour 6 mois. Il savait que la séparation serait difficile. Il savait qu’il s’attacherait au chien. Il savait que les larmes seraient au rendez-vous.
Mais il l’a fait quand même.
Il résume de façon magnifique sa démarche.
« Mes larmes seront les sourires d’un autre. »
Ce qui m’amène à parler de mon chien.
C’est un Labernois, de la race qui font d’excellents chiens guide.
Mes enfants disent souvent à la blague que Léa aurait échoué ses examens pour devenir chien guide.
Je pense le contraire. Elle les auraient passés haut la patte.
Quand j’ai d’intenses crises d’angoisse, elle continue de venir se coller sur moi.
Quand je dis coller, il faut savoir ce que ça veut dire pour elle.
Si je suis assis dans le fauteuil à une place, ça veut dire qu’il y a deux places dans sa tête.
Collé comme ça.
Si je suis sur le sofa, ça veut dire qu’elle vient s’asseoir sur moi. Et si je suis couché, elle se couche sur ma poitrine à l’occasion.
Dans le fond, ma Léa est mon chien guide.
Si je vous parle de mon chien, c’est qu’elle occupe une place tellement importante alors que je vis une solide dépression.
Avec la dépression vient généralement la solitude.
D’abord, la souffrance, il n’y a que toi qui peut la vivre. Ça ne se partage pas.
Tu le sais que ça ne se partage pas, mais n’empêche que, parfois, tu voudrais la partager un peu.
Mais ça, c’est impossible.
Il y a aussi l’autre solitude. Tu te sens souvent bien seul.
Tes propres sentiments sont parfois ambigus. Tu voudrais voir des amis, mais en même temps, tu ne veux pas.
À cause de la souffrance. Tu sais d’avance que tu peux pas partager ta souffrance, alors tu souffres en silence.
Et puis, il y a les réseaux sociaux et les moyens de communication modernes.
Plusieurs personnes prennent de mes nouvelles via texto ou Messenger.
Ce texte qui raconte le suicide d’un jeune homme de 19 ans nous illustre cruellement ce que ça veut dire, réellement.
> Black and White, à la mémoire d’un ami disparu
Un ami du jeune homme raconte qu’il n’avait pas vu le triste événement s’en venir.
Il joue au hockey dans la LHJMQ et son ami était dans un collège américain.
Ils échangeaient pourtant chaque semaine, malgré la distance.
« L’humeur ne paraît pas nécessairement à travers un texto. Tu ne le ressens pas nécessairement. »
C’est bien là un des problèmes, documenté d’ailleurs, de notre société moderne.
Les gens communiquent différemment, mais ne communiquent pas nécessairement mieux.
Et puis, quand tu ne vas pas bien, souvent, tu n’as pas envie de répéter les mêmes affaires.
Ben oui, encore aujourd’hui, ça ne va pas très fort.
C’est ce que tu disais la veille. La semaine d’avant. Le mois précédent.
Il faut être fort pour accompagner une personne en dépression.
Entendre un peu les mêmes affaires pendant des semaines voire des mois.
Assister à une partie de serpents et échelles où la personne que tu veux aider monte et descend au gré des jours.
En fait, ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il existe une seule façon d’aider une personne en dépression. Il suffit d’être là. Point barre.
N’essayez d’aider votre ami, votre parent, votre conjoint ou conjointe autrement que par votre présence.
C’est parfois long, c’est souvent frustrant.
Croyez-moi, j’en sais quelque chose. J’ai vécu l’autre côté de la clôture.
Il faut juste être là et accepter qu’on est impuissant. La guérison de l’autre va prendre du temps. Une notion qui n’a plus beaucoup sa place aujourd’hui, le temps.
Même moi, il m’arrive d’avoir de la difficulté avec le temps.
Je sens que le temps joue en ma faveur dans mon processus de guérison, sauf que parfois, je trouve ça bien long.
Mais Léa se fout bien du temps. De mon humeur ou de ma dépression. Elle veut juste être là.
[…] > Mon chien d’assistance à moi […]
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