Je me suis levé ce matin avec la même douleur à la poitrine.
Je suis allé promener mon chien. J’ai préparé mon café.
Et comme tous les matins, j’ai parcouru rapidement ma Presse. Je choisi les textes que je vais lire et je n’en lis pas beaucoup.
J’ai hésité avant de lire la chronique d’Yves Boisvert. Le sujet était évident. Et je me demandais si j’étais prêt, « en état » de lire ça.
J’ai continué à passer les écrans, mais il était trop tard, j’allais lire cette chronique.
La trame de fond de cette chronique est évident, c’est la souffrance.
Et nous ne voulons pas entendre parler de souffrance dans notre société.
Je sais, je fais une fixation là-dessus.
> Du petit confort de notre société.
Certains diront que mes idées ne sont pas claires en raison de ma propre dépression.
Je crois plutôt qu’elles sont plus claires que jamais.
Yves parle de ceux « qui sont au bord de l’abîme».
Mais, voilà une autre de mes fixations, nous vivons dans la dictature du bonheur.
Parler de souffrance, ça défrise un peu. Ça noircit le portrait. Ça dérange.
Même Bell qui tient chaque année une journée Cause pour la cause pour briser le tabou entourant la santé mentale n’ose emprunter ce chemin.
Les publicités de Bell nous montrent des gens souriants, propres et bien habillés.
On n’y voit aucune souffrance. C’est moins vendeur.
Pourtant, souffrance et santé mentale, ça va pas mal ensemble.
Pourtant, la souffrance est omniprésente dans notre société. Mais pas question de la montrer.
Ça serait cool une pub de char montrant un monsieur âgé qui aide sa femme à sortir de son fauteuil roulant pour s’asseoir côté passager. Et le monsieur n’aurait qu’à appuyer sur un bouton pour ouvrir le coffre arrière pour y déposer le fauteuil. Et la caméra nous montrerait tout l’espace du coffre pour y loger même deux chaises roulantes si nécessaires. Nouveau plan de caméra, à l’avant cette fois-ci, montrant la dame appuyer sur le bouton des sièges chauffants pendant que son homme range sa canne avant d’attacher sa ceinture.
Je sais, je suis naïf parfois, même à 51 ans.
Et je reviens encore avec ces paroles de Daniel Bélanger…
Je sais le malheur, c’est comme le reste.
Moins on en entend parler.
Et moins ça nous intéresse.
Je vais ajouter un bémol à ma théorie sur la souffrance.
On en parle à l’occasion. C’est un peu comme la bonne nouvelle GM.
Il y a toujours une souffrance à la mode qui finit par toucher un peu les gens, le temps d’une chanson.
On se dit alors : Mais c’est bien effrayant ce qui leur arrive….
On accepte que la souffrance nous dérange, juste un peu. Mais pas trop longtemps.
Je suis persuadé qu’Yves va recevoir une tonne de courriel à la suite de la publication de sa chronique. Plusieurs vont se dire touchés voir ébranlés par l’histoire de Michel Cadotte.
Mais ce faisant, on oublie tous les autres Michel Cadotte qui vivent leur calvaire en ce moment même.
Et ils sont plus nombreux qu’on le croit…
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