Depuis quelques jours, j’évitais systématiquement les articles relatant l’affreux drame de la fillette de Granby.
Je ne me sentais pas capable d’absorber toute l’horreur que l’histoire laissait deviner en surface.
Puis, Yves Boisvert, l’un des meilleurs chroniqueurs de sa profession, a publié une chronique coup-de-poing ce matin.
Yves, qui a l’habitude de bien attacher les ficelles et d’apporter les nuances nécessaires pour nous éviter de tomber trop facilement dans le manichéisme. Souvent, le monde est gris, il n’est pas tout noir ni tout blanc. Yves est souvent là pour nous rappeler cette vérité.
Mais il lui arrive aussi de se fâcher. Comme ce matin.
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J’ai donc lu ce qui s’écrivait sur cette histoire et c’est la faute d’Yves Boisvert. Remarquez que je ne le blâme pas, il était inspirant, comme il l’est si souvent.
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Ce qui n’est pas si surprenant dans cette histoire, c’est qu’il est aussi question de santé mentale.
La grand-mère elle-même doutait de la capacité de son fils à s’occuper de sa fille en raison de sa santé mentale.
Si ce n’était de la tragique conclusion, il n’aurait pas été surprenant de voir la fillette connaître des problèmes de santé mentale en grandissant.
Si on creusait un peu, il se peut fort bien que le père ait lui aussi connu une enfance difficile.
C’est probablement le cas également de sa nouvelle conjointe.
Bref, quand la santé mentale prend racine dans une famille, elle peut faire des dégâts sur plusieurs générations.
C’est un cercle vicieux dont il devient difficile de sortir.
Petite précision ici : je ne cherche pas à rendre le père ni sa conjointe plus sympathique. Je veux juste apporter un autre point de vue à cette histoire horrible.
J’ai connu des cas du genre. La grand-mère poquée par des problèmes de santé mentale. La fille qui a connu une enfance merdique, qui multiplie les chums violents, se drogue et, cerise sur le sundae, se prostitue pour « gagner » sa vie. La petite-fille qui multiplie elle aussi les mauvaises fréquentations. Et l’arrière petite-fille placée dans une famille d’accueil…
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Bref, oui à la commission d’enquête.
Le système a connu d’immenses ratés, il faut enquêter et corriger les lacunes.
Tout le monde, allons-y tous en coeur et blâmons le système. Avec raison, quand même.
Mais après ?
Si le système devient mieux outillé pour des cas du genre, les cas, eux, ne vont pas disparaître pour autant.
Ces familles aux prises avec le « virus » de la santé mentale vont continuer d’exister.
Je ne dis pas qu’on peut tous les sauver.
Mais je reviens au tabou. Si on pouvait l’embêter, ce tabou. L’écorcher un peu, assez du moins pour qu’il ait envie d’aller se cacher parfois.
Si on faisait en sorte que plus de gens vivent moins dans la honte et demandent de l’aide sans peur d’être jugés.
Si ça se produisait, ça ferait une sacrée bonne chronique pour Yves Boisvert.
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