Je savais déjà que la maladie mentale dérange. Je le savais parce que j’ai des proches qui en souffrent. Et j’ai vu les conséquences que ça pouvait avoir : la stigmatisation, le tabou même l’abandon.
Je le savais, mais je ne le savais pas. Tout ça était théorique pour moi.
Maintenant, je le sais.
Je suis passé de l’autre côté de la clôture. Ça, je l’ai déjà écrit.
Je n’écris pas ce billet ce matin pour me plaindre.
Bien sûr que la solitude est parfois très difficile. Je ne suis pas complètement seul, mais je vois bien la différence depuis que je suis en dépression.
Mais je suis tombé ce matin sur l’histoire d’un gars qui a inventé un cancer du cerveau, stade 4. Il a réussi a amasser des millions de dollars en mentant sur son état de santé.
> He Was the Face of a Bike-o-thon to Fight Cancer. He Was Also a Fake
Ça m’a interpellé.
Comment pouvait-il y avoir un tel écart dans nos réactions face au cancer et face à la maladie mentale ?
Je connais une partie de la réponse. Mais il en manque des bouts…
Et je cherche encore.
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Mon épreuve tire à sa fin, je l’espère.
Parce que j’ai un organisme qui métabolise aussi vite que Superman, j’ai dû essayer plusieurs antidépresseurs. J’en essaie un autre présentement.
Si je pouvais, j’y ajouterais un peu de kryptonite pour affaiblir le Superman en moi.
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Parlant de Superman, je me suis inscrit à un cours de boxe. Enfin, pas la boxe, mais tout ce qui vient avec, l’entraînement quoi. J’ai presque vomi mes tripes à mon premier cours.
C’est peut-être ce que ça me prends : vomir mes tripes…
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Mon médecin et moi avons aussi décidé qu’un retour au travail, très progressif, pourrait être une bonne idée.
J’attends la réponse des assurances.
Si ça fonctionne, après un arrêt de travail d’un an, je serai au boulot le 3 septembre pour un retour progressif qui durerait quatre mois.
Je dis si ça fonctionne, parce que je sais bien que les assurances ne sont pas friandes de ce genre de retour qui ne cadre pas dans leurs normes.
On verra bien.
Mais une chose est sûr, j’ai toujours le feu sacré pour mon métier. Et il me manque.
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En presque un an, il m’est arrivé seulement 3 ou 4 fois de rester en petite boule dans mon lit pour la journée. Je me suis donné un coup de pied chaque fucking matin pour affronter la réalité.
Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai braillé ma vie. J’étais en train de lire le journal, en train de faire la vaisselle, en train de faire mon jogging, en train de peindre un mur, en train d’écrire ou en faisant marcher mon chien.
Certains m’ont dit que j’en faisais plus que des gens qui n’étaient pas en dépression.
Je crois que c’était seulement un réflexe de survie. Il fallait m’occuper pour ne pas couler, parce que si je coulais, je savais que ça serait jusqu’au fond de la Fosse des Mariannes, à 11 000 mètres de profondeur. Bref, je ne serais plus là pour écrire ce billet.
Tout n’est pas réglé. J’ai encore les symptômes d’un choc post-traumatique à gérer. Mais ça ne se guérit pas en restant assis dans son salon. Les efforts et le temps vont finir par jouer en ma faveur.
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Pendant toute cette année, il m’est arrivé à quelques reprises d’avoir des idées noires.
D’autres fois, ce n’était pas aussi sérieux, je voulais juste mourir pour ne plus souffrir.
Mais même dans mes moments les plus sombres, il y avait toujours cette envie féroce de vivre. Pour moi, d’abord.
Je veux vivre et continuer d’avoir ce brin de naïveté pour vouloir changer le monde.
Je veux vivre pour voir mes enfants continuer leur chemin.
Je veux vivre pour continuer à faire des randonnées avec mon chien.
Je veux vivre parce que j’ai encore de l’amour à donner.
Je veux vivre parce que ça serait con d’être passé au-travers une telle épreuve et ne pas pouvoir profiter des beaux moments qui vont suivre.
D’ici là, il y a encore des moments difficiles, des crises d’angoisse le matin.
Mais je veux vivre, c’est ça le plus important.
Salut! Èric-Pierre, j’ai lu chaque billet qui flambait sur mon écran avec le chat comme un métronome qui balaie la lumière… Comment te dire, sans trop écrire de niaiseries, que je je pense à toi, au chien, à tes enfants, tes ami,es… Je sirote mon verre d’eau et j’imagine tes mains d’ouvriers. T’écris avec une hache, pis j’aime ça. Je me reconnais même si je suis née 15 ans avant toi… Bonne route, le grand. xoxo
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Bonjour Monique, merci pour les bons mots ! Est-ce qu’on se connaît ? Ça se peut bien remarque, j’en perds des bouts parfois…
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Désolée É-P pour le tutoiement, non, on se connait pas, je tutoie tout le monde. Je ne devrais peut-être pas… Oups, j’ai laissé des coquilles… Décidément ma vue baisse avec obstination au cours de la journée… Bonne journée! MO
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Ça rend à mes yeux votre commentaire encore plus touchant. Merci beaucoup, ça fait chaud au coeur !
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[…] > J’ai évité la Fosse des Mariannes […]
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