J’ai vu mon psychiatre hier. Il m’a encouragé à poursuivre mes efforts pour un éventuel retour au jeu. Il a rarement vu un de ses patients se mobiliser autant pour faire face à la dépression, me dit-il.
Je ne sais pas ce que je pourrais faire d’autre. D’une certaine façon, c’est une question de survie pour moi. Rester en petite boule dans mon lit toute la journée n’est pas une option. Mon hamster olympique prendrait le contrôle et ferait fonctionner mon système limbique à plein régime.
Je m’occupe donc, du mieux que je peux.
J’ai commencé à participer à un atelier d’écriture à D’un Couvert à l’autre, organisme qui vient en aide aux personnes souffrant de schizophrénie.
Je ne sais pas trop qui aide qui dans cet atelier d’écriture. Je partage mes connaissances et mon expérience avec un groupe motivé par cette nouvelle activité. Mais d’un autre côté, ça me fait beaucoup de bien. Me sentir utile. Sortir de la maison. Rencontrer des gens.
Cet atelier d’écriture, c’est très thérapeutique pour moi. Une rencontre hebdomadaire avec l’humanité.
Hier, j’ai été franchement impressionné et ému lors de notre atelier.
J’avais demandé aux participants de rédiger un court texte pour expliquer ce que représente D’un couvert à l’autre pour eux.
Chaque texte racontait l’histoire de son auteur, mais aussi à quel point DCL leur avait donné une seconde chance.
« À DCL, j’ai connu des personnes qui sont encore mes amis aujourd’hui : Jerry, Maxine, Alexandre, Isabelle. DCL a saupoudré un peu de joie sur ma vie tristounette qui comme les épices sur ma bouffe font une grande différence. Je sortais de mon hospitalisation et je n’avais pas d’emploi. Pour ceux qui ne le savent pas, la schizophrénie, c’est très handicapant. D’un couvert à l’autre m’a alors accueilli – même avec mon afro – comblant un vide dans ma vie. Merci à DCL pour ces années de rire et de bonheur. »
Je suis revenu chez moi ému et fatigué.
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Claude Castonguay a raison.
« Il y a heureusement un éveil encourageant qui se manifeste. On constate un éveil et des changements à bien des égards dans les habitudes. Les initiatives se multiplient à tous les niveaux, chez les individus, les entreprises, les communautés, les municipalités, etc. »
C’est la conclusion du texte de l’ancien ministre de la Santé paru ce matin dans La Presse.
Sauf que la vague de fond est puissante. La croissance économique est comme une bête autosuffisante qui ne cesse de grossir et sur laquelle nous avons peu de contrôle, malgré les initiatives pour rendre le système plus humain.
Un système où une dame âgée de 93 ans meurt de froid dans une résidence censée être le paradis sur Terre. Imaginez : même le bonheur fait partie de l’offre de services.
Yves Boisvert se demande ce matin s’il ne faudrait pas réglementer le minimum d’humanité et de bon sens…
> Non, ce n’est pas la faute des pompier
Il revient sur le décès de Rachel Howley Hotte Duceppe dans une résidence Lux Gouverneur où elle vivait. Le rapport du coroner n’est pas tendre à l’endroit de Lux Gouverneur.
Pourtant…
On a droit à une cuisine gastronomique, un centre de santé, un gym professionnel, un centre aquatique, un spa et des soins de beauté, du golf virtuel, du billard, une allée de quilles, des spectacles grandioses, une gamme d’activités inégalées et des jardins luxuriants. En prime, sans frais supplémentaires, vous avez droit au bonheur.
L’humanité ? Où ça l’humanité ? Pourquoi avoir besoin d’humanité quand tu peux aller au spa chaque matin…
Tsé, l’humanité, ce n’est pas un produit ni un service.
Je reviens à Claude Castonguay qui s’indigne ce matin…
« Dans la réalité quotidienne, je ne peux m’empêcher d’être frappé par le luxe des installations des concessionnaires d’automobiles le long de nos routes comparé à l’état vraiment déplorable de la plupart de nos CHSLD. Dans notre monde axé sur la surconsommation, nous prenons mieux soin de nos automobiles que de nos malades chroniques et nos personnes âgées… Une comparaison sans doute boiteuse, mais qui fait réfléchir. »
Je ne trouve pas la comparaison si boiteuse, M. Castonguay.
Le char est roi dans notre société. Le char est synonyme de réussite et de bonheur, du moins, c’est ce qu’on essaie de nous vendre. Le char est une priorité.
Les malades chroniques, les vieux, les personnes souffrant d’un problème de santé mentale. Je ne compte plus les reportages illustrant les dérapages pour ces personnes vulnérables.
Madame Duceppe vivait pourtant dans une résidence à l’image de ces concessionnaires automobiles.
On y trouve tout ou presque, sauf un peu d’humanité.
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Parlant d’humanité, je suis tombé sur ce texte de Vox ce matin qui parle de la nouvelle stratégie des fabricants d’armes pour vendre des guns.
En gros, l’industrie n’a pas le droit de faire de la publicité sur Facebook et Instagram. Pas grave, les « influenceurs » sont là ou plutôt les « influenceuses ».
De jolies filles en tenues sexy qui se font prendre en photo alors qu’elles tiennent en main des armes de type militaire. Elles ont des milliers d’abonnés.
Quelle époque formidable !
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