Pat Burns, l’immigration, le baseball et un peu de science-fiction

Avouez que c’est un bon titre…

Je vais en effet aborder ces quatre sujets dans ce billet.

Je vous rassure par ailleurs, je n’ai nullement l’intention de faire le débat qui divise le Québec au sujet de l’immigration.

Je veux juste relater un fait, peut-être anecdotique, mais qui ne me semble pas banal.

Mon psychologue est d’origine libanaise. Son nom ? Ghassan El-Baalbaki.

Mon psychiatre s’appelle Mohammed Zaari Jabiri. Il est d’origine marocaine.

Je connais le premier depuis plus de 10 ans. J’ai eu recours à ses services à différentes étapes de ma vie.

Je me suis toujours dit que c’était ridicule de dépenser de l’argent pour sa maison, sa voiture, son frigo et avoir des scrupules à dépenser pour s’occuper de sa tête.

J’ai donc «consulté» après de Ghassan plusieurs fois. Je ne l’ai jamais regretté.

Je connais le Dr Jabiri depuis peu.

En décembre, j’ai bien senti que je n’allais pas me sortir de cette dépression sans une aide supplémentaire. Ça voulait dire un psychiatre.

Encore là, je n’ai aucune honte à «avouer» que je consulte un psychiatre.

C’est lui le spécialiste de la tête. Et il y a un problème avec ma tête en ce moment.

Médicalement parlant, je souffre d’une dépression causée par une surdose de cortisol, une des hormones du stress.

Une suite d’événements difficiles dans un court laps de temps, sur l’échelle d’une vie, ont mis plusieurs mammouths sur mon chemin.

Qui dit mammouths dit stress. Un mammouth de temps en temps, ça se gère. Un troupeau de mammouths ? La fuite peut être une option fort honorable.

Je n’ai pas fui. Parfois, je n’avais pas le choix. D’autres fois, j’aurais dû.

Résultat : j’ai aujourd’hui quelques-uns des mêmes symptômes qu’un soldat qui revient de la guerre.

Comme m’ont expliqué mon psychologue et mon psychiatre, je n’ai pas subi un choc post-traumatique, mais plutôt une série de stresseurs qui ont mené en quelque sorte à un résultat similaire.

Je vous épargne les détails, inutiles pour ce billet. Pour paraphraser Pat Burns, exaspéré de répondre aux journalistes au sujet d’un joueur blessé :

«C’est médical pis ça fait mal.»

Pour voir Pat Burns et sa célèbre citation, c’est ici.

Je le dis avec humour, il paraît que c’est un signe de santé mentale…

Je le dis aussi avec humour parce que ça fait moins mal tout simplement.

Parlons science-fiction maintenant.

J’écris ce billet du 11e étage du CHUM, entre mes séances d’un traitement qui ressemble un peu à de la science-fiction.

Ça s’appelle la stimulation magnétique trans-cranienne (SMTr).

Je vous rassure, je n’ai pas consulté Madame Minou et je ne suis pas en train de faire «aligner» mes chakras.

C’est tout ce qu’il y a de plus sérieux.

En gros, on installe un bidule sur ta tête qui envoie des ondes magnétiques qui stimulent ou inhibent l’activité électrique du cerveau en des points bien précis.

Si vous êtes curieux au point d’en savoir plus, par ici la sortie > Qu’est-ce que le SMTr ?

C’est une idée de mon psychiatre. J’avoue qu’au départ, quand il m’a fait cette suggestion, j’ai moi-même pensé à Madame Minou et à l’alignement des chakras.

Un peu de lecture m’a vite convaincu du contraire. Cette technique est notamment utilisée contre la dépression en France et aux États-Unis.

Au Québec, le traitement gagne en popularité. En plus du CHUM, il se donne à Douglas, à Rivière-du-Loup, à Sherbrooke, à Shawinigan et à Gatineau, entre autres.

Mon psychiatre m’a aussi signalé que la recherche commençait à démontrer que la SMTr pouvait être efficace dans le cas d’un choc post-traumatique.

Ce traitement est recommandé dans les cas où un premier antidépresseur n’a pas produit l’effet désiré. J’en suis à mon troisième antidépresseur sans effet notable.

Le SMTr est reconnu par Santé Canada comme traitement clinique. Comme c’est la recherche scientifique qui a permis l’élaboration de ce traitement, la recherche se poursuit.

C’est pourquoi j’ai aussi accepté de participer au protocole de recherche en cours qui vise à mieux comprendre et améliorer ce traitement.

À la blague, je peux dire que je fais don de mon cerveau à la science 😉

Jusqu’à présent, ce traitement a un taux de succès de 50%.  Une chance sur deux, quoi. Sur une note plus optimiste, au baseball, ça donne une ronflante moyenne au bâton de ,500. Aucun joueur n’a frappé pour ,500 au cours d’une saison complète dans toute l’histoire du baseball majeur.

Jusqu’à présent, j’ai eu droit à six traitements en deux jours pour une durée totale d’un peu moins de deux heures avec une bobine de cuivre apposée tantôt sur le côté gauche tantôt sur le côté droit de ma tête. Je vais avoir droit à un minimum de 20 traitements et à un maximum de trente au cours des deux prochaines semaines.

Si j’entends un signal extra-terrestre, je vous fais signe, promis…

Bouclons la boucle maintenant.

Mon psychologue est originaire du Liban. Mon psychiatre est né au Maroc.

Si on exclut mes enfants et mes meilleurs amis, les deux personnes les plus importantes dans ma vie actuellement sont issus de l’immigration. Je dis ça de même….

AJOUT :

Je me suis rappelé pourquoi j’ai spontanément utilisé le nom de Madame Minou et non celui de Jojo Savard, par exemple.

C’est que Madame Minou et moi, on s’est connus dans une ancienne vie.

Après la fermeture du quotidien Le Fleuve, à Rimouski, j’ai travaillé presque 5 ans pour Québec-Téléphone, devenue Telus Québec, d’abord au service des relations publiques et ensuite comme responsable des contenus pour les sites web de l’entreprise.

Je m’occupais notamment du portail GlobeTrotter. On y retrouvait entre autres un horoscope publié sur une base hebdomadaire. Madame Minou, de son vrai nom Louise Haley, en était l’auteure. Chaque semaine, la même routine. Madame envoie son horoscope par courriel accompagné de sa facture. Deux jours plus tard, coup de fil.

C’est Madame Minou, je n’ai pas reçu mon chèque…

– Bonjour Madame Minou, vous allez bien ?

– Je n’ai pas reçu mon chèque…

– J’ai reçu votre facture il y a deux jours, Madame Minou. Je l’ai tout de suite approuvée et je l’ai envoyée à la comptabilité. Vous devriez recevoir votre chèque sous peu.

– O.K….

De mémoire, on parle d’un chèque de 200$, gros max.

Après plusieurs mois, je commençais à être exaspéré de ce manège ridicule. Je me revois encore avoir ces conversations surréalistes avec Madame Minou…

J’en parle également à mon patron. Je lui propose même de le faire, moi, cet horoscope. On m’appellera Monsieur Minou. Je suis même prêt à le faire gratis.

Il n’a pas été emballé par ma suggestion.

Je décide donc de tenter une autre approche…

Bonjour, c’est Madame Minou, je n’ai pas reçu mon chèque…

– Bonjour Madame Minou, vous allez bien ?

– Je n’ai pas reçu mon chèque..

– Dites-moi Madame Minou, vous êtes aussi voyante, c’est ça ? Vous pouvez prédire l’avenir ?

– Oui.

– Alors vous n’avez pas vu dans votre boule de cristal ou dans vos cartes que vous étiez à la veille de perdre un contrat ?

– ……

– Madame Minou, vous êtes toujours là ?

Je n’ai plus reçu d’appels de Madame Minou.

Publié par

ÉP Champagne

Humain de 51 ans. Né sous le nom d’Éric-Pierre Champagne, un 15 avril 1967. Parfaitement imparfait. Se pose beaucoup de questions et n’a pas toujours les réponses. Se demande justement où s’en va homo sapiens… Toujours dans le sens de l’évolution? Et quelle évolution? Comme la majorité des humains sur cette planète, ma vie est faite de hauts et de bas. Il y a eu quelques bas au cours des dernières années. J'ai fait plein de « fucking » petits pas pour m’en sortir. Écrire et composer de la musique sont les deux choses qui me font le plus grand bien dans ces moments difficiles. En plus de faire du jogging. Sauf que je ne peux pas courir plusieurs fois par jour. Écrire et faire de la musique, si. Je suis journaliste. Mais aussi plein d’autres choses. Père de deux adultes, propriétaire d’un gros toutou et d’un chat, amant de la nature, de la musique, du jardinage, des randonnées en montagne, des balades en vélo, de milk shake préparés exclusivement à la laiterie La Pinte et amoureux de la vie, quand elle ne me tombe pas dessus, comme le ciel chez les Gaulois. Je ne suis pas à une contradiction près, j’ai quelques bibittes dans ma tête et autres blessures de l’âme, comme la majorité des habitants de cette planète. Mais dont la grande majorité, justement, ne veut tout simplement pas l’avouer. Préoccupé par l’avenir de la planète, mais surtout de l’avenir d’homo sapiens et celui des relations humaines. Parce que c’est ce qu’on est, après tout, des animaux sociaux. Encore un brin naïf, malgré plusieurs poils de barbe blancs et quelques cheveux aussi. Toujours envie de changer le monde, mais j’ai appris à la dure que les sauveurs n’existent pas. On fait juste notre petite contribution, pis c’est ben correct comme ça. Dans un premier temps, vous allez retrouver sur Homo sapiens mes textes, plutôt personnels, et mes compositions musicales, qui ne passeront pas à CKOI. Et j’en suis fort aise. Plus tard, pourquoi pas, on y retrouvera aussi des histoires qui font du bien. Des histoires d’humanité. Des histoires de héros ordinaires. De chevalier Jedi qui restent du côté lumineux de la Force et qui font le bien à petite échelle. Pour se rappeler qu’homo sapiens existe encore et que son avenir n’est pas nécessairement celui qu’on voit venir. Parce qu’être naïf, du moins un peu, me semble qu’on a encore besoin de ça, non?

2 réflexions au sujet de « Pat Burns, l’immigration, le baseball et un peu de science-fiction »

  1. Très bon texte mon vieux. On a jamais vu autant de bobines sur le crâne depuis la désaffection du public pour les bigoudis. Ça va peut-être te donner l’occasion de figurer dans ta propre série de super-héros Marvel. Tu as déjà un bon sens de l’auto-dérision, c’est utile pour les séries Marvel.

    Sans blague, il y a un dossier Science à faire sur la SMTr (on dirait un acronyme de nouveaux système de transports en commun).

    Courage mon vieux et un mammouth à la fois. Me semble que la tribu se rassemble de plus en plus autour de toi, ces docteurs, tes enfants et tes ami-e-s sont là, ne l’oublie pas. À bientôt et courage!

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